Chantiers de la jeunesse française (1940-1944)

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Loi du 30 juillet 1940 relative au séjour dans des groupements de jeunesse des jeunes gens incorporés les 8 et 9 juin 1940.
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Arrêté du 17 septembre 1940 relatif à l’administration des chantiers de jeunesse.
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Loi du 18 janvier 1941 création du commissariat général des chantiers de la jeunesse, commissariats régionaux, personnel.
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Décret 15 mars 1941 portant sur le règlement sur l’administration des groupes des chantiers de jeunesse.
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Loi du 5 mars 1943 plaçant le commissaire général des chantiers de la jeunesse sous l’autorité directe du chef du gouvernement.
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Loi du 10 juillet 1943 portant sur la réorganisation du commissariat des chantiers de la jeunesse.
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Ordonnance du 13 décembre 1944, condition d’application de l’ordonnance du 05-07-1943 portant dissolution de l’organisation des chantiers de jeunesse française (personnel : modalité de licenciement).
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Loi du 4 janvier 1944 création d’une direction générale des chantiers de la jeunesse.
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Loi du 22 janvier 1944 fonctionnaires et agents des chantiers de la jeunesse licencies. Reclassement.
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Décret du 21 février 1944 nomination du directeur général des chantiers de la jeunesse.
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Loi du 10 juin 1944 portant sur la dissolution des chantiers de la jeunesse. Reclassement du personnel d’encadrement.
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Organisation interne ou généalogie

Appellation et rattachement

Juillet 1940-janvier 1941 Groupements de jeunesse française, direction de la Jeunesse, ministère de la Jeunesse et de la Famille.

Janvier 1941-janvier 1944 Commissariat général des Chantiers de la Jeunesse, secrétariat général à la Jeunesse, secrétariat d’État puis ministère de l’Éducation nationale.

Janvier 1944-juin 1944 Direction générale des Chantiers de la Jeunesse, secrétariat d’État au Travail, ministère de la Production industrielle.

Juin 1944-1989 Direction de l’Administration générale, ministère de l’Éducation nationale.

L’expression « Commissariat général des Chantiers » s’applique à la fois à l’ensemble de l’institution et à l’organe central de direction en particulier.

L’organigramme du commissariat des Chantiers de la jeunesse est détaillé dans le Bulletin officiel de 1942.

Le Commissariat général, installé à Châtel-Guyon, comprend :

- Le Commissaire général, dont dépend directement l’aumônerie et qui dispose d’un secrétariat particulier auquel est rattaché le service social des Chantiers. Il est assisté d’une part par un commissaire général adjoint, disposant de la direction du cabinet, des différentes sections constituant le Commissariat général et du groupement 42, d’autre part par un contrôleur général chef d’un groupe de contrôle, chargé de missions d’études et de contrôle.

- La direction du Cabinet,

- La Section Administration,

- La Section du Personnel,

- La Section Éducation,

- La Section Santé,

- La Section Travaux des camps et bâtiments,

- La Section Transports et Remonte,

- Le bureau de liaison de Vichy,

- Le bureau de liaison de Paris,

- La sous-section du Service intérieur.

L’établissement hippique des Chantiers et le magasin général sanitaire sont rattachés au Commissariat général.

Les Commissariats régionaux

Ils sont placés sous l’autorité de commissaires en chef-commissaires régionaux (dont dépendent des services régionaux, des écoles régionales de chefs, des ateliers de réparation et des entrepôts régionaux) et sont répartis en 6 régions :

- Alpes-Jura (Lyon),

- Auvergne (Clermont-Ferrand),

- Languedoc (Montpellier),

- Pyrénées-Gascogne (Toulouse),

- Provence (Marseille),

- Afrique du Nord (jusqu'au 7 novembre 1942).

En Afrique du Nord sont fondés pour les citoyens français des groupements de jeunesse à l’image de ceux de la métropole. Ces groupements sont eux aussi placés sous l’autorité du commissariat général.

Une première tentative de création de chantiers indigènes à lieu en Tunisie en application du décret beylical du 20 décembre 1941 pour les jeunes gens désignés pour former le contingent musulman de la classe 1940.

En Algérie, un décret du gouverneur général du 13 avril 1942 étend les dispositions de la loi du 18 janvier 1941 aux indigènes musulmans non citoyens français. À titre transitoire, le recrutement n’a lieu que sur engagement volontaire. Un nouveau décret du 28 septembre 1942 décide que le recrutement s’opère par voie d’appel d’après le résultat d’un tirage au sort. L’incorporation est en cours lors des évènements de novembre 1942.

À la suite du débarquement allié en Algérie et du « ralliement » de Darlan, les jeunes des Chantiers d’Afrique du Nord sont militarisés le 12 novembre 1942 ; les anciens des Chantiers de l’Afrique du Nord sont mobilisés le 14 novembre. Entraînés, ils sont ensuite répartis dans l’armée d’Afrique et forment notamment le 7e régiment des chasseurs d’Afrique qui participe à la campagne d’Italie, au débarquement de Provence et aux combats de la Libération.

Un septième commissariat est créé dans les Landes à l’automne 1943 pour la récupération des pins brûlés l’été précédent.

Les Groupements

Le groupement (1 500 à 2 000 hommes) : 8 à 10 par région.

Le groupe (environ 150 hommes) : 7 à 12 par groupement, il constitue « l’unité de camp ».

L’équipe (environ 14 hommes) : environ 11 par groupe.

Les chefs de groupe étant jeunes (22 à 28 ans), les services administratifs sont situés à l’échelon du groupement dirigé par un commissaire. Par ailleurs, imitant la tradition des organisations scoutes, chaque groupement porte un « nom de baptême ».

Dans chaque groupement, les jeunes classés physiquement « faible » (jeunes malades et déficients physiques) à l’issue de leur incorporation, sont versés dans un même groupe appelé « les jeunes à entraînement spécial ». Ils sont soumis à des exercices physiques individuels et adaptés visant leur rééducation corporelle.

Par ailleurs le groupement n°40 constitue une exception en tant que camp disciplinaire. En 1941, environ 800 hommes y sont répartis en 5 groupes dont 4 sont disciplinaires : le groupe I pour les appelés issus de maisons centrales, le groupe II pour les appelés condamnés pour des délits (vol, braquage), le groupe III pour les appelés insoumis dans leur groupement d'origine (indiscipline, rixes, etc.) et le groupe IV composé de réfractaires et de politiques (communistes, anarchistes, syndicalistes, etc.).

En 1941, le contingent des CJF était de l’ordre de 100 000 jeunes, divisés en 52 groupements dont 46 en France non occupée et 6 en Afrique du Nord.

Le personnel

Le personnel des Chantiers de la Jeunesse se divise en trois catégories :

– Personnel bénéficiant d’un statut,

– Personnel recruté sur contrat,

– Personnel à salaire journalier.

Personnel bénéficiant d’un statut

Les chiffres de la répartition des effectifs de personnel présentés ci-dessous sont ceux prévus par la loi du 18 janvier 1941.

  • Le personnel encadrant :

- Commissaire général (1).

- Commissaire général adjoint (1).

- Commissaires (115).

- Commissaires adjoints (340).

- Commissaires assistants (500).

- Chefs de groupe (575).

- Commis (900).

- Chefs ouvriers (500).

  • Le personnel médical :

- Médecin commissaire en chef (1).

- Médecins commissaires de 1ère classe (12).

- Médecins commissaires de 2ème classe (70).

- Médecins commissaires adjoints (150).

- Pharmaciens commissaires (4).

- Pharmaciens commissaires adjoints (4).

- Vétérinaires commissaires (6).

- Vétérinaires commissaires adjoints (14).

- Dentistes (60).

Le Commissaire général est nommé par décret, les commissaires, commissaires adjoints, commissaires assistants, chefs de groupe, commis et chefs ouvriers le sont par arrêtés du secrétaire général de la jeunesse.

Si, officiellement, le personnel encadrant est composé de civils volontaires, dans les faits, il l’est essentiellement d’anciens militaires. Il existe souvent des équivalences entre la hiérarchie de l’armée et celle des CJF : ainsi, le commissaire chef de groupement est en principe un ex-commandant ou ex-chef de bataillon d'active, assisté de commissaires adjoints (ex-capitaines), de chefs de groupe (ex-lieutenants) et d'assistants (ex-sous-lieutenants).

Cherchant à dégager dans la masse des jeunes des élites pour le nouveau régime, le recrutement des chefs aux CJF passe par une formation qui se veut stricte et rigoureuse. Obéissance inconditionnelle envers le régime, exemplarité et sacrifice personnel en sont les piliers.

L’instruction dans les écoles de cadres mêle activités physiques et conférences autour des grands thèmes de la Révolution Nationale. Des stages d’instruction politique sont réservés aux chefs de groupe. « Servir et obéir » sont les maîtres mots de cette conception de l’encadrement qui s’inscrit dans une vision syncrétique de la nation : à tous les niveaux la culture du chef en particulier doit répondre au culte du Maréchal en général.

Personnel recruté sur contrat

- Aumôniers (150).

- Assistants de groupe (1800).

- Chefs d’atelier (1800).

- Moniteurs d’éducation physique et d’initiation professionnelle (2500).

- Infirmiers et infirmières (dont 110 infirmières d’assistance sociale diplômées) (420).

- Apprentis commis (500).

Les chefs d’atelier, assistants de groupe, chefs de groupe et moniteurs, sont recrutés parmi les élèves des écoles de cadre (régionales) prévues à cet effet. Un centre d’éducation physique est également créé à Boulouris (Var) afin de former les futurs moniteurs d’éducation physique des Chantiers.

Le secrétaire général de la jeunesse est en outre autorisé à embaucher des employés auxiliaires rémunérés sur la base des salaires régionaux.

Personnel à salaire journalier

- Chef d’équipe.

- Second.

- Jeune équipier (ou « Jeune de France »).

Les obligations de stage satisfaites, une partie de ce personnel peut être conservée dans les Chantiers de la jeunesse au titre d’assistants de groupe, de chefs d’atelier, de chefs d’équipe, d’apprentis commis ou de moniteurs.

L’effectif total des membres du personnel (hors personnel à salaire journalier qui sont les stagiaires) est de 10 113 personnes selon les chiffres de la loi du 18 janvier 1941.

Directeurs des chantiers de jeunesse

03/07/1940-04/01/1944 – Général Joseph de La Porte du Theil

4/01/1944-21/02/1944 – Émile Bernon, directeur par intérim

21/02/1944-10/06/1944 – Achille Marcel René Loubet

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Création et objectifs

En avril 1940, le gouvernement français procède à l'appel du 3e contingent de la classe 1939 et du 1er contingent de la classe 1940. Cependant, en application de la Convention d'armistice entrée en vigueur le 25 juin 1940, l'armée française est dissoute le 1er juillet 1940. Ces appelés immédiatement démobilisés, dispersés dans un pays en complète désorganisation, posent un problème : n'étant pas rendus à la vie civile, ils restent à la disposition des autorités.

Le général Joseph de La Porte du Theil reçoit l’ordre du ministre de la Défense nationale, Maxime Weygand, de s’occuper du sort de ces quelques 90 000 jeunes. Par décret du 31 juillet 1940, des « Groupements de jeunesse française » sont alors créés pour les reprendre en charge. Une instruction interministérielle fixe la constitution et l’organisation de ces groupements qui sont rattachés à la direction de la Jeunesse du ministère de la Jeunesse et de la Famille. Le 8 janvier 1941, le secrétariat général à la Jeunesse est lui-même rattaché au secrétariat d’État à l’Instruction publique.

Dans l’esprit du général de La Porte du Theil, la future institution doit essentiellement assumer une mission d’éducation par la vie en commun de jeunes de vingt ans qui, sans poursuivre d’instruction militaire, recevront une formation physique, morale et professionnelle, et se rendront utiles.

Il fixe donc trois principes :

- Unités ne dépassant pas 2 000 hommes.

- Vie de plein air loin des villes.

- Travaux d’intérêt général (en général au bénéfice d’une commune).

La main-d’œuvre est mise à la disposition du ministère de l’Agriculture qui en fixe l’emploi (fenaison, moissons, vendanges, bois de chauffage et charbon de bois…).

L’encadrement est assuré par des officiers d'active et de réserve démobilisés, ainsi que par des aspirants formés pendant la guerre de 1939-1940.

Deux lois du 18 janvier 1941 consacrent la nouvelle institution :

- La première établit un stage obligatoire de huit mois, remplaçant le service militaire, dans les « Chantiers de la jeunesse » pour tous les citoyens français de la zone libre et de l'Afrique du Nord âgés de 20 ans.

- La seconde porte création d’un commissariat général des Chantiers de la jeunesse et fixe les différentes catégories de personnel et les effectifs des chefs.

Le commissariat général est réorganisé ultérieurement par la loi du 10 juillet 1943 qui abroge et remplace celle du 18 janvier 1941.

Le 24 août 1941 est créée l’Association des Anciens des Chantiers (ADAC) en métropole et en Afrique du Nord, destinée à conserver les liens établis pendant le stage et diffuser dans la société « l’esprit » des Chantiers. Au travers de cérémonies et de réunions d’information, elle cherche aussi à vanter les Chantiers aux futurs mobilisés. Le statut d’association loi 1901 permet aux autorités françaises d’éviter une demande d’autorisation à la Commission allemande d’Armistice.

En 1943 on dénombre 123 000 membres répartis dans plus de 3 600 sections sur l’ensemble du territoire de la zone libre. L’ADAC est dissoute le 14 mars 1944 à la demande des Allemands.

L’organisation des CJF s’inscrit dans le cadre d’une politique globale et activiste du gouvernement de Vichy à l’égard de la jeunesse. Lui sont assignés différents objectifs : objectifs politiques et idéologiques dans la mesure où la jeunesse doit porter et diffuser les idées de la Révolution nationale, objectifs économiques car elle est utilisée comme main-d’œuvre palliant l’absence des prisonniers de guerre, objectifs éducatifs puisque jugée décadente, la jeunesse doit être contrôlée et « redressée » physiquement autant que moralement.

Jeunesse et Montagne - Chantiers de la Marine

La direction de l’Aéronautique civile crée les Chantiers de l’Air, devenus « Jeunesse et Montagne » après la défaite en août 1940. Cette organisation vise à conserver une activité aux cadres et aux engagés volontaires de l'Armée de l'Air dans un esprit proche de sections d’éclaireurs skieurs. Cependant, comme dans les groupements CJF, le quotidien mélange activités sportives et activités utilitaires (coupe de bois, construction et réhabilitation de chalets, construction de refuges en altitude et de sentiers, aide aux travaux agricoles).

Le recrutement ne comporte que des volontaires. Par la suite, Jeunesse et Montagne est regroupé avec les Chantiers, qui prennent en main l’organisation et le budget sans rien changer aux activités ni à l’esprit. Au total, plus de 12 000 jeunes passent par Jeunesse et Montagne de 1940 à 1944.

Un arrêté interministériel du 9 février 1941 crée les Chantiers de la Marine qui ont pour but de former et d'entraîner des jeunes dont la vie civile est orientée vers la mer (pêcheurs, marins de commerce, futur marins de la Marine nationale). Ils sont dirigés par le commandant en chef Jacques Traub (capitaine de corvette) et administrés par le service de la Marine marchande. Les centres sont composés de divisions, par spécialité, partagées en sections de quatre équipes.

La loi du 5 mars 1943 place les Chantiers sous l’autorité directe du chef du gouvernement et met sous les ordres du commissaire général l’ensemble créé en application de la loi du 18 janvier 1941, à savoir les Chantiers de la Jeunesse, les Chantiers de la Marine et « Jeunesse et Montagne ».

Statut des juifs et des étrangers

Le recrutement de jeunes et de chefs dans les CJF n’est pas immédiatement affecté par la loi du 22 juillet 1940 qui limite la fonction publique aux citoyens nés d’un père français et révise toutes les naturalisations postérieures à 1927. Cependant, en vue de l’application de la loi 3 octobre 1940 sur le statut des juifs, les personnes d’origine juive présentes dans les chantiers sont dans l’obligation de remplir une déclaration attestant de leur ascendance juive.

Par la suite, la loi du 3 avril 1941 relative à l’accès aux emplois dans l’administration publique aux naturalisés depuis moins de dix ans exclut des CJF des chefs, majoritairement d’origine espagnole et italienne. En 1942, 46 sont radiés en raison de leur nationalité et ce, malgré des évaluations élogieuses.

La loi du 15 juillet 1942 modifie le 1er article de la loi du 18 janvier 1941 et interdit définitivement les CJF aux juifs français. À partir de cette date, les juifs en train de faire leur stage sont expulsés (« libérés » dans le langage de Vichy).

Suspicions allemandes et service du Travail obligatoire (STO)

En novembre 1942, à la suite du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, les Allemands envahissent la zone « libre » et suppriment l'Armée d'Armistice mais, divisés sur le sujet, choisissent de maintenir les Chantiers. Toutefois, ils modifient profondément leur implantation à partir de mars 1943 : les groupements de Provence, des Pyrénées, et des Alpes sont respectivement délocalisés dans le Massif Central, dans le département de la Dordogne et dans les Landes. L'occupant craint en effet leur concours à un débarquement allié par la Méditerranée (groupements de Provence), le concours ou la participation à des évasions par l'Espagne (groupements des Pyrénées), et l'aide aux maquis (groupements des Alpes).

D’autre part, dans le cadre de la loi sur le Service du travail obligatoire (16 février 1943) qui concerne les jeunes garçons nés en 1920, 1921 et 1922, les Chantiers mobilisent la classe appelée sous les drapeaux en novembre 1942, au nombre de 32 000 jeunes Français et dont le stage s’achève fin mars 1943. 16 000 d'entre eux sont effectivement envoyés en Allemagne. Sur les 16 000 autres jeunes des Chantiers non partis en Allemagne, 7 000 s'évanouissent dans la nature, parfois avec le concours des chefs de groupement (notamment dans la Province Alpes-Jura) et 9 000 sont astreints au travail obligatoire en France.

À partir de septembre 1943, le général de La Porte du Theil, devant de nouvelles exigences allemandes qui équivalent à l'envoi en Allemagne de la quasi-totalité des effectifs restant des Chantiers, tente de limiter toute mise à disposition supplémentaire au bénéfice de l'occupant. Il décline également les invitations de la Résistance à passer à la dissidence et à gagner Alger.

À la mi-septembre 1943, une série de contrôles musclés et de rafles sont opérés par la Wehrmacht et la Gestapo dans les trois quarts des groupements des Chantiers. En novembre 1943, les autorités allemandes imposent une modification complète des Chantiers. Les effectifs sont limités à 30 000 à partir du 1er décembre ; les jeunes en excédent sont « libérés » et requis par le ministère de la Production industrielle pour former en usine des détachements encadrés par des chefs venant des Chantiers. En uniforme bleu, ils forment le secteur de la Production industrielle dit « secteur bleu ». En conséquence de ces mesures, 13 groupements et 2 écoles sont dissous le 30 novembre 1943.

De 1943 à 1944, désertions (pour les jeunes) et démissions (pour les chefs) se font de plus en plus nombreuses, parfois avec le concours des chefs, des familles ou de la population civile. De manière isolée ou non certains réfractaires alimentent ainsi les mouvements de la Résistance (FFI, Corps Franc Pommiès entre autres). Les magasins des Chantiers deviennent également l’objet de pillages par le maquis qui y trouve des ressources en vivres et en matériel.

Averti d'une arrestation imminente à la fin de décembre 1943, le commissaire général refuse de s'enfuir. Destitué, arrêté le 4 janvier 1944 à son bureau de Châtel-Guyon, il est assigné à résidence en Allemagne jusqu'à la fin de la guerre. Son départ accentue le déclin des Chantiers.

Dissolution des Chantiers et création des Centuries de France

À la suite de l’arrestation du Général de La Porte du Theil le 4 janvier 1944, Pierre Laval place successivement trois collaborateurs à la tête des Chantiers : Émile Bernon (6 janvier 1944 au 9 mars 1944), Marcel Loubet (10 mars 1944-9 juin 1944) et Louis Tartarin (à partir du 10 juin 1944). Au cours de cette période, les Chantiers intensifient leur action répressive et s’enfoncent dans le collaborationnisme.

La loi n°314 du 10 juin 1944 ordonne la dissolution des Chantiers à dater du 15 juin 1944, en exécution d’une note de la Commission allemande d’Armistice du 12 mai portant que les formations des Chantiers de la Jeunesse seraient incorporées dans les industries privées et d’État en territoire français. Un délégué général est donc chargé d’assurer la gestion du matériel et l’exécution de toutes les mesures de liquidation.

Le commissaire Tartarin, ancien chef de l’ADAC en Tunisie et officier de la Légion des Volontaires Français, assume alors les fonctions de délégué général et s’efforce sans succès d’organiser les « Centuries de France » groupant toute la main-d’œuvre passée sous le contrôle de l’Organisation Todt à compter du 16 juin.

Liquidation des Chantiers

La liquidation des Chantiers a en réalité commencé dès le début de 1944. Avant cette date, il existait déjà, dans le cadre du commissariat général aux Chantiers de Jeunesse, un service dit « organe liquidateur des groupements », chargé de régler la situation des groupements transférés ou dissous. Les Chantiers eux, sont dissous trois fois : par la loi du 10 juin 1944 (gouvernement de Vichy), par l’ordonnance du 5 juillet 1944 (gouvernement d’Alger), par l’ordonnance du 13 décembre 1944 portant application de celle du 5 juillet (Gouvernement provisoire de la République française - GPRF).

Il existe cinq organes liquidateurs des Chantiers :

1. Organe liquidateur de la Direction général, du département de la Landes et du groupement 42 ;

2. Organe liquidateur de la province Alpes-Jura ;

3. Organe liquidateur de la province Auvergne ;

4. Organe liquidateur de la province Méditerranée ;

5. Organe liquidateur de la province Pyrénées-Gascogne.

En juillet 1945, le ministère de la Guerre délivre une instruction relative à l’incorporation dans l’armée des cadres des ex-Chantiers de Jeunesse et leur assimilation pour ceux qui ne sont pas d’anciens militaires.

Par ordonnance du 1er octobre 1945 le GPRF constate la part active prise dans la libération du territoire par les chefs et jeunes formés dans les Chantiers de Jeunesse, dont la dissolution a été imposée par l'ennemi, et décide que le service accompli dans les Chantiers de Jeunesse est validé comme temps de service militaire actif.

La liquidation est confiée au ministère de l’Éducation nationale pour toutes les questions de personnel, de locaux et de matériel, alors que la liquidation financière est régie par l’Intendance militaire jusqu’au 1er novembre 1945, puis est transférée elle aussi au ministère de l’Éducation nationale, direction de l’Administration générale. Le service, d’abord installé à Châtel-Guyon dans les locaux du commissariat général, est transféré à Paris en décembre 1945.

Les opérations ne se termineront qu’au début de 1950.

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Chantiers de la jeunesse française (1940-1944)
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Entre 1940 et 1944, Jean Derkenne est commissaire adjoint, puis commissaire au sein des Chantiers de la jeunesse française.

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Chantiers de la jeunesse française (1940-1944)
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Arrêté du 17 septembre 1940 relatif à l’administration des chantiers de jeunesse.
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Loi du 18 janvier 1941 création du commissariat général des chantiers de la jeunesse, commissariats régionaux, personnel.
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Décret 15 mars 1941 portant sur le règlement sur l’administration des groupes des chantiers de jeunesse.
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Loi du 5 mars 1943 plaçant le commissaire général des chantiers de la jeunesse sous l’autorité directe du chef du gouvernement.
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Loi du 10 juillet 1943 portant sur la réorganisation du commissariat des chantiers de la jeunesse.
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Ordonnance du 13 décembre 1944, condition d’application de l’ordonnance du 05-07-1943 portant dissolution de l’organisation des chantiers de jeunesse française (personnel : modalité de licenciement).
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Loi du 4 janvier 1944 création d’une direction générale des chantiers de la jeunesse.
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Loi du 22 janvier 1944 fonctionnaires et agents des chantiers de la jeunesse licencies. Reclassement.
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Décret du 21 février 1944 nomination du directeur général des chantiers de la jeunesse.
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Loi du 10 juin 1944 portant sur la dissolution des chantiers de la jeunesse. Reclassement du personnel d’encadrement.
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Siège du Commissariat général des chantiers de la jeunesse française.

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De janvier 1941 à janvier 1944 les chantiers de la jeunesse fraçaise sont sous la tutelle du Secrétariat général à la Jeunesse, secrétariat d’État puis ministère de l’Éducation nationale.

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De Janvier 1944 à juin 1944 les chantiers de la jeunesse française sont sous la tutelle du Secrétarait d’État au Travail, ministère de la Production industrielle.

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AJ/39/1 à 1J/39/287 : archives du commissariat général, archives de la liquidation des chantiers, et archives du 7e bureau du commissariat régional Alpes-Jura.

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F/17/16703 et 16704 : liquidation ; F/17/16947 à F/17/16950 : dossiers d'épuration du personnel.

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20130073/1 à 20130073/609 : administration générale et gestion du personnel.

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72AJ/1257 à 72AJ/1263 : affiches.

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