Église réformée de France (1938-2012)

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: 2019-09-11
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En 1559, est organisé à Paris un premier Synode protestant au cours duquel sont adoptées une Déclaration de Foi et une Discipline ecclésiastique inspirées des idées de Calvin. Ce Synode constitue l’acte de naissance de l’Église réformée de France, qu’il dote d’une organisation démocratique et parlementaire, dite presbytéro-synodale. Cette organisation s’articule selon trois niveaux territoriaux : à la base, le consistoire de l’église locale ; au-dessus, le Synode provincial, qui rassemble tous les représentants des églises locales ; au sommet, le Synode national, rassemblant les représentants provinciaux et composé pour moitié de pasteurs et de laïcs.

Condamnés à la clandestinité depuis la révocation de l'Édit de Nantes en 1685, les protestants accèdent à une reconnaissance civile par l’Édit de tolérance de 1787, signé par Louis XVI envers ceux « qui ne font pas profession de la religion catholique ». Ce texte leur reconnaît une existence légale mais ne leur accorde cependant pas la liberté de culte. Celle-ci leur est accordée par la Révolution française et inscrite dans la Constitution de 1791. A la fin du XVIIIe siècle, l'Église réformée de France n'a cependant pas d'existence institutionnelle. Cette intitutionalisation va s'effectuer tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle, au cours de trois étapes successives : l’adoption des articles organiques en 1802, la loi sur les associations cultuelles en 1905 et la création de l’E.R.F. en 1938.

Le traité du concordat de 1801, signé le 26 messidor an IX entre le Pape Pie VII et Napoléon Bonaparte, alors Premier consul, est un traité international de 17 articles qui ne concerne que les rapports entre la France et l’Église catholique. Ce traité est inscrit dans une loi promulguée le 8 avril 1802, comprenant en outre desArticles organiques(77 concernant le culte catholique et 44 le culte protestant) concernant l'organisation des Églises et leurs relations avec l'État. Ces articles supplémentaires ne seront jamais acceptés par le Saint-Siège. Pour les protestants français, ces articles reconnaissent leur culte et constituent des Églises consistoriales de 6000 personnes.

Cependant l’adoption des Articles organiques de 1802 entraîne quelques conséquences fâcheuses. En premier lieu, les articles prévoient la rémunération des pasteurs par l’État, mais sur la même base que les membres du clergé catholique : or, les pasteurs sont mariés et parents ; leurs rémunérations étant trop faible pour subvenir aux besoins de leur famille, ils sont contraints de faire appel à la générosité de leur église. En second lieu, les Articles organiques ne reconnaissent pas le fonctionnement du système presbytéro-synodal qui régit les institutions de l’Église réformée. En effet, au niveau territorial, les Articles refusent de reconnaître l’église locale pour lui préférer l’église consistoriale, dont le nombre de fidèles est arbitrairement fixé à six mille.

Autre évolution inattendue : le clivage entre les luthériens d’Alsace et les Réformés du reste de la France. Soumis aux traités de Westphalie et de Ryswick, qui leur accordaient une certaine tolérance religieuse, les luthériens d’Alsace ont en effet pu continuer de pratiquer leur foi et participer aux intenses réflexions théologiques engagées entre les protestants suisses, allemands et britanniques. Au contraire, les réformés de la « France de l’intérieur » sont restés imprégnés de la philosophie religieuse du XVIIIème siècle influencée par l’esprit des Lumières. Leur foi, teintée de rationalisme, se heurte en outre aux courants issus du Réveil qui gagnent de nombreux pays d’Europe du Nord au début du XIXème siècle et qui recherchent le retour à l’orthodoxie dogmatique des premiers réformateurs du XVIème siècle. Leurs adeptes prônent la stricte observance de la Bible, en vertu de laquelle ils prennent le nom d’ « évangélistes », pour se distinguer des autres réformées appelés « libéraux ». A partir de 1830, le débat entre libéraux et évangélistes se durcit et conduit bientôt au schisme réformé. Les évangélistes fondent l’Union des Églises évangéliques de France (EELF) en 1849 ; d’autres églises apparaissent, dont les Méthodistes, l’Armée du Salut et les Pentecôtistes.

En 1871, se tient le premier synode officiel des protestants en France. En réalité, il s’agit de deux synodes distincts : d’une part, celui des luthériens, qui doivent se réorganiser après la perte de l’Alsace et de la Moselle au profit de l’Empire allemand ; d’autre part, celui des réformés. Lors de ce dernier, les évangélistes sont majoritaires et font adopter une nouvelle Déclaration de foi qui est désormais imposée aux pasteurs, ce qui conduit à une nouvelle rupture.

A la veille de l’adoption de laloi de séparation des Églises et de l’État, la communauté réformée est divisée entre évangélistes et réformés, libéraux et extrémistes. Dans ce contexte, est créée la Fédération protestante de France (F.P.F.), le 25 octobre 1905, dans un double objectif : respecter la diversité des divers courants de pensées et maintenir la cohérence du protestantisme en France ; la méthode est celle des « fédérations », qui garantit à la foi indépendance et dialogue. En 1906, trois Unions d’églises sont créées : l’Union des Églises réformées évangéliques (la plus importante), qui rassemble les orthodoxes ; l’Union des Églises réformées Unies, qui fédère les anciennes Églises libérales ; l’Union nationale des Églises Réformée, dite de Jarnac, qui s’efforce d’ouvrir le dialogue entre les deux autres.

La Première Guerre mondiale provoque une profonde remise en cause des divisions de la communauté réformée. Sur le plan théologique, la guerre met un terme définitif à l’optimisme et à la foi dans l’homme qui caractérisait la philosophie libérale du XIXème siècle. Cette rupture d’avec le débat doctrinal du synode de 1872 se manifeste essentiellement par le désir de renouer avec la pensée de Calvin du XVIème siècle. Au regard de cette évolution doctrinale, à laquelle nombre de grands noms souscrivent, les divisions de la communauté réformée de France semblent dépassées, d'autant plus que, au niveau international, commence à se développer, dans les années 1920, un mouvement œcuménique.

 

Dès 1933, des négociations s’engagent : elles aboutissent en 1938 à la création de l’Église Réformée de France (E.R.F.), qui réunit les Églises réformées évangéliques, les Églises réformées (de tendance libérale), les Églises évangéliques libres, l’Église méthodiste, et la Société Centrale Évangélique (cette dernière fait partie, à l’origine, de l’Union des Églises Réformées Évangélistes, mais confrontée aux divisions et aux conflits internes, elle préfère se retirer de l’Union pour adhérer à l’Église Réformée de France dont elle obtient de conserver son autonomie administrative et financière ; elle conserve son nom auquel est adjoint un nouveau sous-titre « Commission générale d’évangélisation de l’Église Réformée de France »). Cependant, l’unité des réformés n’est pas totale : une partie des libristes, méthodistes, et des réformés évangéliques refusent d’intégrer l’Église Réformée de France et maintiennent leurs Églises séparées.

L’Église Réformée de France créée en 1938 est régie selon la loi du 9 décembre 1905 et se définit du point de vue juridique comme une fédération d’associations cultuelles. La présidence en est confiée au pasteur, et futur académicien, Marc Boegner. Une nouvelle Déclaration de foi est adoptée qui en constitue l’acte fondateur. Le fonctionnement des institutions de l’Église Réformée de France s’articule selon quatre niveaux territoriaux qui sont autant d’instances particulières : l’église locale, l’assemblée du consistoire, le synode régional et le synode national. Conformément à la loi de 1905, ces instances constituent autant d’associations cultuelles. Le système presbytéro-synodal accorde une place prééminente à l’église locale, également désignée sous les termes de paroisses ou d’association cultuelle locale : elle dispose d’une responsabilité qui lui est propre et se gouverne elle-même par l’intermédiaire de son conseil presbytéral. Le conseil presbytéral est chargé d’administrer ses biens et ses finances, de nommer son pasteur et de veiller à l’édification des fidèles. Il peut également exercer le ministère pastoral, ou service cultuel, collégialement avec le pasteur de la paroisse. Il est généralement présidé par le pasteur de la paroisse, assisté d’un représentant laïc. Bien que les églises locales constituent des entités autonomes, elles sont chacune solidaire des autres églises locales membres de l’E.R.F. Leur solidarité se manifeste notamment lors des sessions des assemblées du consistoire, des synodes régionaux, et des synodes nationaux. Clef de voûte du système presbytéro-synodal, les églises locales sont représentées au sein de chacune des instances de l’E.R.F. : elles élisent leurs représentants aux assemblées du consistoire et surtout aux synodes régionaux. Ces délégués régionaux, à leur tour, élisent leurs représentants au synode national.

La loi de 1905 n’abroge pas toutes les dispositions des Articles organiques de 1802 : elle maintient l’existence de consistoires, instances intermédiaires entre l’église locale et le synode régional. Les consistoires de l’E.R.F. sont délimités géographiquement par le synode national, sur proposition du synode régional. L’assemblée des membres des églises locales peut soit se constituer elle-même en conseil du consistoire ou procéder à des élections pour le constituer. Le consistoire dépend directement du Conseil régional dont il fait appliquer les décisions par les églises locales qu’il regroupe. Il est également chargé « de veiller au témoignage commun et à la solidarité des Eglises de son ressort : évangélisation, desserte, activités communes, concertation ».

Outre le conseil consistorial, les églises locales sont également représentées au synode régional. Actuellement, le territoire français est divisé en huit circonscriptions, ou régions réformées : Nord-Normandie, Ile-de France, Est, Ouest, Centre-Alpes-Rhône, Sud-Ouest, Cévènnes-Languedoc, Provence-Côte d’Azur-Corse. Les synodes régionaux se réunissent une fois par an.

Le synode national constitue l’assemblée générale de l’Église Réformée de France. Sur avis des synodes régionaux, il est habilité à prendre des décisions dans le domaine financier, entérine d’éventuelles modifications de la Discipline, adopte la liturgie et engage les débats selon l’ordre du jour fixé. A l’instar des synodes régionaux, le synode national ne siège qu’une fois par an. Aussi, il élit le Conseil national qui est l’organe exécutif chargé de le représenter dans l’intervalle des sessions.

Parmi les différentes instances nationales, figurent également des commissions synodales : la commission des Affaires générales, la commission de la Discipline, la commission des Ministères, la commission des Finances et la commission juridique. La commission des Affaires générales intervient dans tous les dossiers concernant les pasteurs de l’Église Réformée de France, qu’il s’agisse de demandes de démissions ou de litiges. La commission de Discipline est chargée d’examiner les dossiers de litige et de prononcer son jugement, mais uniquement dans les cas qui ne trouvent pas de solution dans la Discipline ou le règlement intérieur de l’E.R.F. La commission des Ministères est chargée d’examiner le dossier des candidats à l’admission comme ministre de l’Église Réformée de France. La commission des Finances est chargée d’examiner les comptes de l’Église Réformée de France et de présenter un rapport annuel devant le Synode national. La commission juridique est chargée de régler tous les litiges éventuels qui opposeraient l’E.R.F. ou l’un de ses membres à un groupe ou individu extérieur. Outre ces trois commissions synodales permanentes, il existe de nombreuses autres commissions ponctuelles.

Outre l’exercice du culte naturellement dévolu aux associations cultuelles paroissiales et le fonctionnement de ses institutions, l’Église Réformée de France coordonne et préside les activités des mouvements et des œuvres membres. Parmi celles-ci, figurent la Société Centrale d’Evangélisation, le Centre d’Accueil et de Recherche Touristique et la Mission dans l’Industrie de la Région Parisienne. La Société Centrale d’Evangélisation (S.C.E.), naît dans les premières années du XXème siècle et adhère à l'E.R.F. en 1938. Au départ ses activités s’étendaient essentiellement à l'Algérie, aux colonies françaises, aux territoires sous mandat et aux pays de protectorat. Aujourd’hui, elle poursuit son œuvre d’évangélisation, mais son influence reste circonscrite au territoire français, c’est-à-dire à la métropole et aux îles. Le Centre d’Accueil et de Recherche Touristique, le C.A.R.T, est un centre de recherche communautaire qui se propose de rassembler les fidèles et leurs familles autour de discussions et de débats sur la Bible. Enfin, le Mouvement dans l’Industrie de la Région Parisienne (M.I.R.P.) se définit davantage comme un service que comme une association dévolue au monde professionnel. Il s’efforce d’accompagner les fidèles dans le monde du travail en leur proposant des débats sur l’éthique sociale et économique, des rencontres et des animations centrées sur l’étude de la bible et le culte. Il met en œuvre des groupes de bénévoles pour accompagner des demandeurs d’emploi dans leurs démarches et les aider à surmonter leurs inquiétudes.

 

A partir des années 1970 se développe l'idée d'une nouvelle union entre les Églises protestantes de France, notamment grâce à la CPLR (Conseil Permanent des Églises Luthériennes et Réformées), chargée de la « formation continue » des pasteurs, plateforme commune aux quatre Églises protestantes historiques françaises : ERF (Église Réformée de France), EELF (Église évangélique luthérienne de France), EPCAAL (Église Protestante de la Confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine), EPRAL (Église Protestante Réformée d’Alsace et de Lorraine). En 1973, une étape importante est franchie avec laConfession de Leuenberg(du nom d’une localité proche de Bâle), à laquelle adhèrent la majorité des Églises luthériennes et réformées européennes, ainsi que les Églises unies qui en sont issues, et les Églises Vaudoises et des Frères moraves (Tchèques). Aujourd’hui 105 Églises sont rassemblées dans la CEPE, Communion d’Églises Protestantes en Europe. La Concorde de Leuenberg est un texte de 6 pages, comportant une cinquantaine d’articles, qui abordent les points théologiques qui, dans la foi protestante, fondent l'Église. Pour en arriver à déclarer ainsi supprimées les divisions qui existaient depuis le XVIème siècle, la Concorde de Leuenberg fait la distinction entre « le témoignage fondamental des confessions de foi de la Réforme » et « leur forme historique ». Seules quelques Églises réformées ou luthériennes minoritaires, attachées aux formulations historiques dans leur ensemble, n’ont pas signé la Concorde de Leuenberg.

En 2006, l’Église luthérienne (EPCAAL) et l’Église réformée d’Alsace et de Moselle (EPRAL) qui cohabitaient depuis cinq siècle s'unissent dans l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL). L’Union a pour objet de « conduire des actions communes » et de « resserrer les liens » entre ces Églises. Corps pastoral et finances sont désormais unifiés, mais chaque Église membre conserve ses structures.

Le processus d'union de l'Église Réformée de France avec l'Église Évangélique Luthérienne de France (née en 1872 après l’annexion de l’Alsace-Moselle par l’Allemagne) est lancé par les synodes conjoints des deux Églises à Sochaux-Montbéliard. Un nouveau synode commun rassemblé à Bourg-la-Reine en 2009 définit une « feuille de route » pour la construction de l'union et entame le changement des statuts des paroisses et églises locales. Ces efforts aboutissent au Synode conjoint de Belfort de 2012 qui voit le vote des textes constitutifs de l'Église protestante Unie de France. Le premier Synode national de « l'Église protestante unie de France , communion luthérienne et réformée » (Église qui se substitue à l'ERF et à l'EELF), se tient à Lyon en 2013.

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L'Eglise réformée de France est une fédération d'associations cultuelles.