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Décret n° 68-906 du 21 octobre 1968 portant statut du Théâtre national populaire (https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?cidTexte=JPDF2310196800009973)
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Organisation interne sous la direction Jean Vilar
Jean Vilar est donc tout à la fois directeur, gestionnaire et metteur en scène. Il règle les questions de répertoire, de distribution, de tournées, etc. C’est sur sa demande que se réunit le conseil (réunion des chefs de services) afin d'examiner les grandes questions du fonctionnement général du Théâtre. Il est secondé par un administrateur général chargé de donner vie aux projets du directeur, d’assurer l'équilibre financier de l'entreprise et de gérer toutes les questions d'ordre administratif (gestion du personnel notamment). La communication, l’organisation des « répétitions générales » et des « Premières » reviennent au secrétaire général qui rédige également la revue du TNP, Bref. Un service dédié gère la location de la salle du Palais de Chaillot pour les institutions extérieures, le service des galas ; un autre organise les rencontres entre les associations et les membres de la compagnies ; enfin, un service médical dirigé par le docteur Richard Kohn surveille les risques de tuberculose.
Il n'existe pas de comité de lecture pour sélectionner les pièces jouées par le TNP. Un lecteur, Georges POULOT reçoit les manuscrits reçus par l'Administration générale et enregistrés sous un numéro d'immatriculation. Il lit et sélectionne les œuvres dignes d'intérêt, à raison d'une par jour environ. Une fiche de lecture succincte est adressée au secrétariat général ou directement à Vilar qui a le choix final.
Les régies assurent la mise en oeuvre des supports techniques, matériels et artistiques. La régie générale est sous l’égide du régisseur général et de son adjoint. Elle coordonne et gère l'électricité, les accessoires, la machinerie, l'entretien. Elle compte aussi la chef costumière. La régie construction est dirigée par un régisseur constructeur et fabrique les décors en collaboration avec des peintres, des décorateurs et des artistes de renom, comme Alexandre Calder, qui crée les mobiles de Nuclea d'Henri Pichette. La régie éclairage est dirigée par un régisseur des éclairages et son adjoint. La régie musique est dirigée par Maurice Jarre qui a la responsabilité de composer et de jouer les partitions musicales avec à sa disposition un orchestre et des choristes. Elle est séparée de la régie son qui gère les bruitages et la stéréophonie. Enfin, la régie de scène veille aux indications scéniques, c'est-à-dire aux instructions données aux comédiens concernant leurs entrées et leur sorties, le ton de leur réplique et leurs mouvements.
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Les tentatives d’un Théâtre national populaire (fin XIXe siècle-1948)
Dès la fin du XIXe siècle, l’État engage des réfléxions et des expérimentations autour de la notion de théâtre populaire. Il subventionne cinq initiatives privées appelées « théâtre populaire de plein air » comme le Théâtre du Peuple de Maurice Pottecher à Bussang (1895). Dès cette époque, la salle des fêtes du palais de Chaillot construite pour l’exposition universelle de 1878 disposant d’une grande capacité d’accueil, 5000 personnes, est destinée à accueillir un théâtre populaire. Ce projet de théâtre collectif est couplé avec une volonté de conserver aussi la salle comme salle de concert puisqu’elle a été édifiée à ces dimensions autour de l’orgue de Cavaillé-Coll. La pérénisation de cette entreprise demande dès 1911 des travaux d’aménagement de l’acoustique. Mais ce n’est qu’en novembre 1920, lors du deuxième anniversaire de l’armistice fêté au Trocadéro le 11 novembre 1920 que le Théâtre national populaire de Firmin Gémier voit le jour.
Firmin Tonnerre dit Gémier, est nommé directeur concessionnaire pour un an en novembre 1920 de « la grande et la petite salle des fêtes » du palais du Trocadéro. Le spectacle monté par Gémier est une évocation symbolique de certains grands moments de l'histoire de France. La représentation se clôt sur le chant de la Marseillaise. En mars 1922, après une crise de huit mois ayant entrainé la fermeture du Trocadéro, Gémier est de nouveau rappelé à la direction du théâtre national populaire : il est nommé pour 7 ans, et restera en fonction jusqu'à sa mort, en novembre 1933. Comme le prévoit son cahier des charges, ce premier TNP ne produit pas ou peu de spectacle mais accueille ceux des théâtres nationaux (Opéra, Opéra comique, Odéon, Comédie française) et présente, à des tarifs "populaires", les ouvrages du répertoire.
En 1930, Gémier s’adjoint Alfred Fourtier comme co-directeur au Trocadéo, c’est donc tout naturellement qu’il lui succède à sa mort en 1933.
C'est à cette période, que dans la perspective de la future exposition universelle, la salle de spectacle entame sa première mue sous l’égide des frères Niermans, Jean et Edouard, architectes. Le théâtre est fermé à la fin du mois de juillet 1935, démoli en partie et reconstruit. Il devait ouvrir pour l'exposition universelle de 1937, mais les retard s'accumulent. Il n’est inauguré que le 24 février 1939 par Albert Le Brun, Jean Zay et Paul Abram. Paul Abram est alors à la fois directeur des salles de spectacle du Palais de Chaillot et de l’Odéon. L’ancienne salle des fêtes dont le volume auparavant était tout en extérieur a été détruite. Le nouveau théâtre s’enfonce désormais à 21 mètres sous terre. Ce projet a fait l’objet de nombreux débats dans la presse. La nostalgie des concerts d’orgues et des désormais célèbres « côté Paris/côté Passy » s’étale dans les journaux.
De 1939 à 1940, le palais de Chaillot abrite les services du « Théâtre aux armées » dirigé par Paul Abram. À cause de l’armistice de 1940 puis des lois d’aryanisation de l’automne, Abram est remplacé par Pierre Aldebert, ancien régisseur de Gémier à l’Odéon puis assistant metteur en scène d’Abram, qui assure la direction de l’établissement jusqu’en 1948. Chaillot devient une scène prisée par l’occupant et n’est plus alors un lieu central de création. De 1948 à avril 1952, « Le Normandie des théâtres de Paris » est mis à disposition de l’Organisation des Nations Unis (ONU). Paris et le palais de Chaillot sont ainsi les décors de l’adoption en assemblée générale, le 10 décembre 1948, de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Le renouveau du Théâtre national populaire (1951-1973) : Jean Vilar et Georges Wilson
Par arrêté du 20 août 1951, Jean Vilar, qui animait depuis 1947 le Festival d’Avignon, est nommé par Jeanne Laurent, sous-directeur du théâtre et de la musique au ministère de l’Education nationale, directeur du Théâtre national populaire, qu’il a tenu à rebaptiser ainsi et qu’il rend célèbre sous le sigle de TNP. Jean Vilar constitue en quelques mois une équipe administrative sous la direction de Jean Rouvet ainsi qu’une équipe artistique et technique comprenant les décorateurs Léon Gischia et Édouard Pignon, le scénographe Camille Demangeat, le musicien Maurice Jarre et l’éclairagiste Saveron. Il réunit une troupe d’une vingtaine de comédiens, dont Gérard Philipe, Germaine Montero, Monique Chaumette, Maria Casarès, Silvia Montfort, Jean Le Poulain, Charles Denner et Philippe Noiret. En douze ans, Vilar met en scène 81 spectacles devant plus de 5 500 000 spectateurs à Chaillot et à Avignon.
Dans l’attente de prendre possession de la salle de spectacle du Palais de Chaillot, Jean Vilar et sa troupe débutent au Théâtre de Suresnes. C'est comme une préfiguration de la vie itinérante que va mener le TNP, entre la salle parisienne où il se produit, les représentations en banlieues, le Festival d’Avignon, les tournées en Province et à l’étranger. Vilar fait sien, comme Gémier avant lui, l’idée que le théâtre doit être un « service public accessible à tous ». Il signe un premier contrat de trois ans (du 1er septembre 1951 au 31 août 1954 renouvelé par l’arrêté du 26 février 1954 puis celui du 6 mars 1957) comme directeur du TNP. Il est également concessionnaire de la salle de spectacle du palais de Chaillot. Il est soumis à un cahier des charges dont les principales obligations sont la réalisation de 150 représentations annuelles à Paris et en région parisienne, la tarification des places fixées par arrêté ministériel et l’entretien d’une compagnie d’hommes et de femmes. Pendant 12 ans, Vilar assume conjointement direction et concession en dépit des contraintes du plateau de Chaillot, surnommé « le monstre ». Il est libre de la politique artistique du théâtre (répertoire, comédiens, tournées, etc.). Il propose une programmation de grande qualité à des prix raisonnables, des auteurs classiques et des auteurs étrangers de renom souvent inconnus du public français. Des offres tarifaires ou d’abonnements sont accordées aux étudiants, aux associations populaires et aux comités d’entreprises. La programmation reste liée au grand répertoire, à quelques exceptions près, jusqu’en 1957 où Jean Vilar reçoit d’André Malraux le Théâtre Récamier où il monte des pièces d'auteurs contemporains comme Armand Gatti et Robert Pinget.
Fer de lance de la politique de décentralisation et d’accès à la culture pour tous, le TNP réalise de nombreuses tournées à la fois en province et à l’étranger. Jean Vilar leur accorde une importance particulière, un véritable rôle social d'éducation populaire. Des villes comme Lyon (1951-1952), Poitiers (1955-1962), Strasbourg (1952-1960) ou Marseille (1952-1959) reçoivent ainsi le TNP tout comme la proche banlieue parisienne, Clichy, Montreuil ou Saint-Denis. De grandes tournées à l’étranger sillonnent l’Europe : Allemagne (1951-1955), Suisse (1952-1960), Italie (1961), URSS en 1956 et en 1961, Amérique du Sud en 1957 et Etats-Unis en 1958. Par ailleurs, le TNP opère un jumelage avec le Piccolo Teatro de Milan qui vient présenter L'Opéra de quat'sous à Chaillot tandis que le TNP joue à Milan en 1961.
S'il a été fondateur du festival d'Avignon en 1947, Vilar est encore par la suite omniprésent avec la troupe du TNP au Palais des Papes. Il passe d’ailleurs un contrat en 1952 avec le Comité du festival d'art d'Avignon. Ainsi, de nombreuses mises en scène passent des tréteaux d’Avignon, qui servent parfois d’espace d’expérimentation, au plateau de la salle du palais de Chaillot. La Guerre de Troie n'aura pas lieu est ainsi rodée en Avignon en 1962 avant d'être présentée à Chaillot l'année suivante.
A Chaillot, Vilar ne rompt pas avec la tradition musicale du lieu et s'entoure de professionnels comme Maurice Jarre ou Duke Ellington qui compose la musique de scène de Turcaret (1961). Dès 1951, le TNP organise à Chaillot trois séries de concerts. De 1957 à 1963, vingt-neuf concerts d'orgue proposent deux samedis par mois pendant l’hiver, de novembre à mars, les œuvres de Jean-Sébastien Bach, Marcel Dupré ou encore Michel-Richard Delalande. Le prix des places est de 100, 206 ou 306 francs. La musique contemporaine est également présente une fois par mois, de novembre à avril, à travers un cycle intitulé "Présence de la musique contemporaine". Vingt-trois concerts de musique contemporaine sont donnés entre 1959 et 1963 des œuvres de Darius Milhaud, Claude Debussy, Igor Strawinsky, Erik Satie, Benjamin Bitten, Luigi Nono ou encore Pierre Boulez. Le programme est préparé Claude Rostand de la R.T.F. et la direction des disques Véga, sous le contrôle et la validation de Jean VILAR. Le prix des places est de 200, 300 ou 400 francs.
Jean Vilar diversifie les activités proposées dans un théâtre et pendant la saison d'hiver, de novembre à mars , lance également les apéritifs-concerts, qui, comme leur nom l'indique, proposent un buffet froid en musique, dans le hall de Chaillot à partir de dix-neuf heures). A l'occasion des deux week end de Nöel et du jour de l'an, cette même organisation est répétée. Le Palais de Chaillot organise également en 1962 et 1963 le festival populaire des ballets, sous la direction de Roland Petit qui signe le livret et les chorégraphies alors que les éléments scéniques et les costumes sont d'Yves Saint-Laurent. Le TNP publie aussi une revue mensuelle d'information appeléeBref, à raison de 10 numéros par an. Pour diversifier les recettes, le TNP organise aussi des galas, un administrateur est spécialement dédié à cette activité. Vilar, qui concessionnaire de la salle du Palais de Chaillot, loue la salle pour accueillir des concerts ou des soirées prestige (musique classique, avant-premières de films, Noëls des Ministères, danse classique ou folklorique (Opéra de Pékin), variétés (Yves Montand), jazz (Count Basie, Lionel Hampton), congrès divers (capitaines Cap-Hornier, Église réformée de France).
En 1963, Vilar renonce au renouvellement de son contrat faute de subventions convenables. Si en 1954 la subvention annuelle est substantielle avec 52 000 000 francs, elle est réduite à 1 850 000 francs en 1963 sachant qu’aucune subvention particulière d’équipement ne s’y ajoute. Il est remplacé par Georges Wilson, membre de la troupe du TNP.
Georges Wilson poursuit l’oeuvre de Vilar à la fois dans la politique de mise en scène et dans l’organisation. Il reste directeur concessionnaire du TNP au Palais de Chaillot de 1963 à 1972. Le répertoire qu'il développe avec le TNP est tourné vers la création contemporaine encore davantage que ne l'était celui de son prédécesseur. Il réalise le rêve de Vilar en procurant au TNP une seconde salle aménagée dans l'ancien bar et destinée à la présentation d'oeuvres contemporaines, la salle Gémier, dépositaire d'environ 500 places alors. Sa direction est marquée par la fin du régime de concession et l’érectiondu TNP en établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). Georges Wilson reste directeur jusqu’en 1972. En 1973 le sigle TNP est transféré au Théâtre de la Cité de Villeurbanne dirigé par Roger Planchon. Le théâtre de la Cité de Villeurbanne devient alors le théâtre national populaire de Villeurbanne. C'est un centre dramatique national (CDN). Un contrat de décentralisation est passé entre les directeurs Georges Lavaudant, Robert Gilbert et Roger Planchon et l'État représenté par le ministère des affaires culturelles, et notamment la direction du théâtre, des maisons de la culture et des lettres.
Les salles du Théâtre de Chaillot reviennent à Jack Lang. Il en prend la direction en 1973, associé à Antoine Vitez et Christian Dupavillon pour la direction artistique. Jack Lang, alors directeur du festival universitaire de Nancy, crée un Théâtre national pour enfants qui se produit à Vincennes et au Cirque d'hiver et accueille dans la salle de Chaillot des metteurs en scène de renom comme Bob Wilson. Entre 1973 et 1975 des travaux de grande ampleur sont menés par les architectes Valentin Fabre et Jean Perrottet. Le principe de concession disparait et le directeur est nommé à la tête d’un théâtre national au statut d'établissement public, le Théâtre national de Chaillot (TNC). Ces deux théâtres révèlent bien des entités et des statuts différents qui coincident avec la réflexion de Jeanne Laurent et ses successeurs autour du réseau du théâtre public et des maisons de la culture en France.
Liste des directeurs du TNP à Chaillot entre 1920 et 1972
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Entre le fin de l'année 1948 et avril 1952, le Palais de Chaillot accueille l'Organisation des Nations Unis et n'est donc plus desservis par une troupe de théâtre.
Jean Vilar, directeur du TNP de 1951 à 1963
Installation provisoire au Théâtre de Suresnes en attendant la restitution par l'Organisation des Nations Unies du palais de Chaillot.
Sous l'impulsion d'André Malraux, Jean Vilar reçoit le Théâtre Récamier destiné à la mise en scène d'auteurs contemporains.
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