Angoulême, Louis Antoine d'Artois (1775-1844 ; duc d')

Fils aîné de Charles-Philippe de France, comte d’Artois (futur Charles X) (1757-1836) et de son épouse Marie-Thérèse de Sardaigne (1756-1805), Louis-Antoine de Bourbon est né le 6 août 1775 à Versailles et titré duc d'Angoulême. Il émigre le 16 juillet 1789 avec son père, reste un an à Turin, près de son grand-père, le roi de Sardaigne, en suivant un cours d'artillerie. Il part pour l'Allemagne, en août 1792, prendre le commandement d'un corps d'émigrés, qu'il quitte bientôt pour suivre le comte d'Artois, son père, à Edimbourg. Le 10 juin 1799, il épouse au palais de Mittau (alors en Russie, aujourd'hui en Lettonie) sa cousine Marie-Thérèse de France, fille de Louis XVI. Le couple n'a pas d'enfants. Il vit pendant quinze ans avec son épouse à la cour de Louis XVIII en exil, à Courlande en Lettonie (1799-1801), à Varsovie en Pologne (1801-1804), à Kalmar en Suède (1804), à nouveau à Mittau (1804-1807), en Angleterre à partir de 1807, au château de Gosfield Hall, dans l'Essex (1807-1809) puis de Hartwell House, dans le comté de Buckingham, près de Londres (1809-1814).

En 1814, le duc d'Angoulême combat en Espagne aux côtés de Wellington. Il débarque le 2 février à Saint-Jean de Luz, d'où il gagne Bordeaux, où il fait, le 12 mars, une entrée triomphale. Nommé, le 15 mai, colonel général des cuirassiers et des dragons et grand amiral de France, il arrive à Paris le 27 mai, puis revient à Bordeaux en février 1815 avec la duchesse d'Angoulême. Le débarquement de Napoléon, revenant de l'île d'Elbe, lui fait prendre la route de Toulouse et de Nîmes afin d'organiser la résistance. Il lève une petite armée, mais doit se rendre à La Palud et s'embarque le 17 avril pour Barcelone, en Espagne, par le port de Sète.

Après Waterloo, il rentre en France par la frontière d'Espagne, et, organise dans le Midi, sur son passage, des corps de volontaires royaux. Il est nommé, en août 1815, président du collège électoral de la Gironde et, le 12 octobre, président du cinquième bureau de la chambre des Pairs, dont il était membre de droit comme prince du sang. Il y siège peu, en raison de ses longs séjours dans le Midi ; il est absent lors du procès du maréchal Ney, et fait mettre en liberté le maréchal Soult, arrêté sous la même inculpation.

Nommé généralissime des troupes françaises (29 janvier 1823), il conduit la victorieuse expédition d'Espagne, qui gagne la bataille du fort du Trocadéro, s'empare de Cadix et restaure le roi Ferdinand VII d'Espagne. En 1824, il devient dauphin de France à l'avènement de son père Charles X mais a peu d'influence politique.

Quand Charles X est forcé de renoncer au trône, le 2 août 1830, son fils le duc d'Angoulême aurait pu lui succéder sous le nom de Louis XIX. Mais Charles X abdique en faveur de son petit-fils, Henri d'Artois, duc de Bordeaux, fils posthume du duc de Berry. Chassée par l'arrivée de Louis-Philippe au pouvoir, la famille royale doit quitter la France le 16 août 1830, à Cherbourg. Après un séjour en Écosse, l'ancienne famille royale s’installe, à partir d'octobre 1832, au château de Prague, situé alors dans les États de la maison d’Autriche. En mai 1836, ils sont à Göritz (aujourd'hui Gorizia en Italie) dans le palais Coronini-Cronberg. Le duc d'Angoulême porte en exil le titre de courtoisie de comte de Marnes.

À la mort de son père à Göritz (Autriche) le 6 novembre 1836, Louis-Antoine de France devient l’aîné des descendants de la famille royale selon la tradition de primogéniture mâle. La plupart des légitimistes le reconnaissent alors comme roi de France et de Navarre sous le nom de « Louis XIX ». À sa mort en exil à Göritz le 3 juin 1844, son neveu, le comte de Chambord (1820-1883), lui succède comme aîné des Capétiens et chef de la maison de France sous le nom de « Henri V ». Le duc d'Angoulême est inhumé au couvent fransciscain de Kostanjevica (aujourd’hui Nova Gorica en Slovénie) aux côtés de Charles X.