Seligmann, Françoise (1919-2013)

Née à Marseille le 9 juin 1919, Françoise Seligmann est une résistante, militante des droits de l’Homme, journaliste et femme politique française.

Interrompant ses études sous l’Occupation, Françoise Seligmann s’engage dans la Résistance afin d’aider des familles juives à échapper à la déportation. En novembre 1941, elle crée ainsi avec le pasteur suisse Roland de Pury un réseau d’évasion vers la Suisse dont elle organise les conditions de séjour et de passage dans le village d’Archamps. Elle participe également au journalCombatpuis rejoint en juin 1943 les Mouvements unis de la Résistance (MUR) au sein desquels elle effectue des missions de reconnaissances et participe à des évasions. En septembre 1944, elle devient directrice du service social du Mouvement de libération nationale (MLN) et occupe ce poste jusqu’à la disparition du MLN.

En 1949, après l’affaire Finaly, Françoise Seligmann est conduite à adhérer à la Ligue des droits de l’Homme. À partir de 1953, elle siège au comité central de l’organisation et occupe cette position jusqu’à son décès. Durant la guerre d’Algérie, elle s’engage contre le colonialisme et la torture et s’implique notamment dans la défense de Djamila Boupacha. Jusqu’aux accords d’Évian, elle participe à toutes les manifestations contre la guerre d’Algérie.

En 1957, Françoise Seligmann créeAprès-Demain, la revue de la Ligue des droits de l’Homme, avec Philippe Bernard et Pierre Joxe. Elle assure la direction du journal jusqu’à son décès. En 1994, elle devient présidente d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme dont elle était vice-présidente depuis 1970. La lutte pour les droits de l’Homme est le fil conducteur de l’engagement militant de Françoise Seligmann. En 2004, elle crée ainsi le prix Seligmann contre le racisme en mémoire des combats qu’elle a menés contre le nazisme avec son mari, François-Gérard Seligmann. Dans le même temps, elle crée la Fondation Seligmann reconnue d’utilité publique en 2006.

En parallèle, Françoise Seligmann mène une carrière politique. Collaboratrice de Pierre Mendès France à partir de 1955, elle occupe le poste de secrétaire national de l’Union des forces démocratiques jusqu’à la dissolution de cette organisation en 1961. En 1974, elle rejoint le Parti socialiste (PS) et devient la collaboratrice de François Mitterrand lors de la campagne présidentielle de 1974 faisant suite au décès de Georges Pompidou. Membre du Comité directeur à partir de 1975, puis membre du Bureau exécutif de 1981 à 1992 et secrétaire nationale de 1983 à 1992, elle occupe une place de premier plan au sein du PS en contribuant à théoriser le rôle de l’opposition durant les années au cours desquelles la gauche est écartée du pouvoir. En 2005, elle devient présidente d’honneur du mouvement Rénover maintenant fondé par Arnaud Montebourg.

Élue sénatrice des Hauts-de-Seine en 1992, elle siège d’abord à la commission des affaires culturelles, puis à la commission des lois. Durant son mandat, Françoise Seligmann s’attache à la défense de l’apport de l’immigration lors de la discussion de la future loi du 23 juillet 1993 réformant le code de la nationalité ainsi qu’à la défense du droit des femmes en déposant notamment en décembre 1992 une proposition de loi visant à dépénaliser l’auto-avortement. Lors du renouvellement de 1995, Françoise Seligmann n’est pas investie et doit laisser sa place à Robert Badinter qui est élu à sa place.

Titulaire de la médaille de la Résistance, officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite et commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres, Françoise Seligmann décède le 27 février 2013 à l’âge de 93 ans.