Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (1988-....)

Contexte général

Au cours du dernier tiers du XXème siècle, la médecine avait oublié l'épidémie. Pourtant, en 1981, l'agence épidémiologique d'Atlanta signale quelques cas graves de pneumonies touchant spécifiquement des jeunes hommes homosexuels. À Paris, le jeune chef de clinique Willy Rozenbaum reçoit lui aussi un patient aux symptômes similaires. Très rapidement, il est remarqué que la maladie provoque une immunodéficience. Appelé dans un premier temps le « cancer gay », d'autres catégories de patients sont touchés par la maladie : des toxicomanes, des hémophiles ayant reçu des transfusions sanguines mais aussi des Haïtiens. On comprend dès lors que cette maladie se transmet, certes par voie sexuelle, mais aussi par voie sanguine. En 1983, l'acronyme AIDS pour Acquired immuno-deficiency syndrome, ou SIDA en français (syndrome de l'immunodéficience acquise) est utilisé pour la première fois par le scientifique Bruxe Voeller pour désigner cette maladie. C'est en 1983-1984 que les premières recherches permettent l'identification du rétrovirus à l'origine de cette épidémie. Cette découverte s'effectue du côté français par l'équipe du Professeur Montagnier (Institut Pasteur) puis du côté américain par le Professeur Gallo entraînant une polémique sur la paternité de la découverte close en 2008 par la remise du prix Nobel de médecine à l'équipe française.

Du côté des autorités françaises, il faut attendre 1986 et le changement de majorité du gouvernement pour que la lutte contre le Sida soit déclarée grande cause nationale. Le ministre de la Recherche est alors Alain Devaquet et celle de la Santé, Michèle Barzach. La recherche sur le Sida est à ce moment effectuée par un petit nombre d'équipes financées à titre individuel. À l'époque, les blocages au développement de cette recherche sont identifiés comme dus à l'absence de répondant de l'industrie pharmaceutique, à l'impossibilité de screening de molécules, à l'insuffisance de la recherche en biologie et en virologie moléculaire et à l'insuffisante qualité des essais thérapeutiques. Une demande est alors faite à l'Inserm d'établir un bilan des recherches sur le Sida. Le 5 février 1987, Philippe Lazar, directeur général de l'Inserm, demande 20 à 30 M de francs à Mme Barzach destinés au lancement d'un programme national de recherche sur le Sida dont la réalisation est confiée à Jean-Paul Levy.