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Originaire de Prusse (auj. Allemagne), la famille Schreiber s'installe en France après la guerre de 1870. Elle compte parmis ses membres plusieurs fondateurs d'organes de presse (Les Échos,L'Express), de nombreux journalistes et écrivains (Robert, Émile, Jean-Jacques, Jean-Louis, Brigitte, Christiane Collange, Marie-Claire), des médecins (Georges, David), des députés (Jean-Jacques, Fabienne, Jean-Claude), des sénatrices (Suzanne Crémieux, Brigitte Gros).
Le nom « Servan » est d'abord le pseudonyme littéraire d'Émile Schreiber avant d'être accolé au nom de la famille (décret du 5 novembre 1952).
Joseph Schreiber (1845-1902), représentant de commerce à Berlin, s'installe en 1877 à Paris, où sa femme, Clara Feilchenfeld (1855-1941) le rejoint en 1879. Il fonde une maison d'import-export d'articles de mercerie et de quincaillerie. Malgré l'antigermanisme et l'antisémitisme de la fin du XIXe siècle en France, la famille Schreiber réussit son intégration française et obtient la naturalisation française en 1894. Les trois fils de Joseph Schreiber, Robert (1880-1966), Georges (1884-1970) et Émile (1888-1967) seront l'un à la tête de l'affaire paternelle, le second, médecin et le dernier, journaliste.
Robert Servan-Schreiber (1880-1966), fils de Joseph, développe l'affaire de son père et fonde avec son frère le mensuel économiqueLes Échos de l'exportation, qui devient en 1908 le quotidienLes Échos. Il a deux enfants avec son épouse Suzanne Crémieux (1895-1976) : Jean-Claude (né en 1918) et Marie-Claire (1921-2004).
Suzanne Crémieux (1895-1976), a été la marraine de guerre de Robert Servan-Schreiber, avant de l'épouser en 1916. Elle adhère au Parti Radical Socialiste en 1924 et milite pour le droit de vote des femmes. En 1938, elle entre au cabinet de Marc Rucart, ministre de la santé et est chargée, à ce titre, de l'évacuation des enfants de la région parisienne, lors de la déclaration de guerre. En 1948, elle est élue sénatrice du Gard, mandat qu'elle conservera jusqu'en 1971.
Jean-Claude Servan-Schreiber (né en 1918), fils de Robert, est diplômé en 1937 de l'université d'Oxford puis de l'École libre des Sciences Politiques. Après la seconde guerre mondiale, où il est lieutenant dans la cavalerie blindée, il travaille auxÉchos, dont il devient directeur en 1958. Il crée en 1953L'Expressavec son cousin Jean-Jacques. En 1963 il met en place, à la demande de De Gaulle et de Pompidou, la publicité à la télévision. Député de la Seine en 1961, il tente quelques temps une carrière politique avant d'entrer au conseil d'administration de l'Institut Arthur Vernes, dont il devient président de 1994 à 2009.
Marie-Claire Servan-Schreiber (1921-2004), fille de Robert, débute le journalisme en 1944. Elle devient en 1958 directrice de la publicité àL'Expresset directrice-adjointe desÉchos. Par la suite elle sera directrice de la publicité deL'Expressde 1958 à 1963, PDG desÉchosen 1963, directrice de la publicité desÉchosde 1964 à 1970. Elle épouse en premières noces en 1946 Jacques Claret de Fleurieu et en secondes noces en 1971, Pierre Mendès-France. En 1985 elle fonde l'Institut Pierre Mendès-France.
Émile Servan-Schreiber (1888-1967), fils de Joseph, est le premier journaliste de la famille. Amené à voyager régulièrement à l'étranger pour l'entreprise familiale, il rédige des chroniques qui sont publiées dansL'Illustrationet dansLes Échos. En 1917 il publie un ouvrage prophétique,L'exemple américain. En 1923, il épouse Denise Brésard (1900-1987), une infirmière qui consacre sa vie à l'œuvre de protection maternelle et infantile La Nouvelle Étoile. Ils ont cinq enfants : Jean-Jacques (1924-2006), Brigitte Gros (1925-1985), Bernadette Gradis (née en 1928), Christiane Collange (née en 1930) et Jean-Louis (né en 1937).
Pendant la seconde guerre mondiale, la famille d'Émile Servan-Schreiber se réfugie dans le chalet qu'Émile a fait construire à Megève tandis qu'Émile part rejoindre le général De Gaulle à Londres. Après la guerre, Émile est maire de Veulettes-sur-mer pendant plus de vingt ans, mandat auquel lui succède son épouse, jusqu'à la mort de celle-ci en 1987.
Jean-Jacques Servan-Schreiber (1924-2006), fils d'Émile, intègre l'École polytechnique en 1943 mais part en Amérique, où il suit une formation de pilote de chasse dans l'Alabama. En 1948, il choisit l'aventure au Brésil, comme représentant d'un avion français puis gérant d'un hôtel à Sao Paulo. Il écrit alors des articles pour lesÉchoset la presse brésilienne. A 25 ans, il est engagé au journalLe Mondeet devient éditorialiste en politique étrangère. En 1953 il crée le journalL'Expressavec la journaliste Françoise Giroud et soutient la politique de Pierre Mendès-France. A 30 ans JJSS est le directeur de son journal, qui connaît un succès grandissant. Mobilisé pendant la guerre d'Algérie, qu'il ne soutient pas, il crée en 1958 la Fédération Nationale des Anciens d'Algérie. Anti-gaulliste, pro-américain, JJSS est influent dans les milieux de la gauche anti-communiste. En 1967 il publieLe défi américainqui connaît un gros succès, où il défend notamment l'idée d'un fédéralisme européen.
A partir de 1962, il se lance dans la carrière politique : député de Meurthe-et-Moselle en 1970 et 1973, secrétaire-général du Parti radical socialiste en 1969, président du parti en 1971 et 1977, président du conseil régional de Lorraine de 1976 à 1978, et en 1979 il présente une liste « Emploi, Égalité, Europe » aux élections européennes. Du 27 mai au 9 juin 1974 il est brièvement ministre des Réformes. En 1980 il publie un second livre à succès,Le défi mondial. Conseiller de l'ombre de François Mitterrand, il œuvre pour la promotion de l'informatisation en France. Il contribue à la création d'un Centre mondial informatique et ressources humaines (qui fermera en 1986), séjourne plusieurs années aux États-Unis où il donne des cours à l'université Carnegie-Mellon de Pittsburgh. Ses mémoires ont été publiés en 1991 et 1993.
Marié en premières noces à Madeleine Chapsal en 1947, dont il divorce en 1960, JJSS se remarie avec Sabine Beq de Fouqières dont il a quatre fils. L'aîné,David Servan-Schreiber (1961-2011)fait des études de médecine à la faculté Necker-Enfants malades, à Paris, en 1978 et les termine au Québec, à l'université Laval, en 1984. Il poursuit ensuite des études de spécialisation en médecine interne et en psychiatrie à Montréal. Il crée en 1988 avec Jonathan Cohen un laboratoire de neurosciences cognitives cliniques, qu'il codirigera jusqu'en 1997. Il obtient l'un des premiers doctorats américains de neurosciences cognitives en 1990 avec une thèse sur « Les mécanismes neurobiologiques de la pensée et des émotions ». Il est à la tête de la division de psychiatrie de l'hôpital Shadyside du centre médical de l'université de Pittsburgh de 1997 à 2001. Il dirige l'enseignement en sciences comportementales, appliquées à la pratique clinique. Atteint lui-même d'un cancer du cerveau dès les années 1990, dont il survit pendant vingt ans, il publie de nombreux articles scientifiques et plusieurs ouvrages à succès, dontGuérir, en 2003 etAnticancer : Prévenir et lutter grâce à nos défenses naturelles, en 2007.
Brigitte Gros (1925-1985), fille d'Émile Servan-Schreiber, s'engage en 1943 dans la Résistance et est arrêtée puis torturée par la Gestapo le 15 août 1944. Elle rejoint dès la Libération le général de Lattre de Tassigny au sein de la première armée. En mai 1945, elle est décorée de la Croix de guerre. Après la guerre, elle devient journaliste et travaille pour plusieurs journaux dontLes ÉchosetL'Express. Elle se spécialise dans les domaines de l'urbanisme et des transports. Membre du groupe national du Parti républicain radical et radical-socialiste, elle est élue conseillère municipale de la ville de Meulan en 1962, dans les Yvelines, puis maire l'année suivante, et conservera ce mandat jusqu'à la fin de sa vie. Elle entre en 1973 au Sénat où elle occupe les fonctions de secrétaire du Sénat, de vice-présidente de la commission des affaires culturelles et de secrétaire de la commission des affaires culturelles. Elle intervient au Sénat sur les questions de la condition féminine, de la décentralisation, d'urbanisme, d'aménagement urbain, de logement et de la vie quotidienne des habitants des banlieues. En 1970 parait son livre,Quatre heures de transport par jour, qui est ensuite adapté au cinéma sous le titre,Elle court, elle court, la banlieue.
Sa fille Catherine Servan-Schreiber (née en 1962) est l'auteure en 2009 d'un roman,Louise et Juliettedécrivant la saga de la famille Servan-Schreiber pendant l'occupation allemande.
Bernadette Gradis (née en 1928), fille d'Émile Servan-Schreiber, épouse Henri Gradis, président de la société Française pour le Commerce d'Outre-Mer (SFCO, anciennement Maison Gradis), descendant d'une longue lignée de juifs portugais installés en France depuis le XVIe siècle. Elle est la présidente de l'Association Avenir et Patrimoine.
Christiane Collange (née en 1930), fille d'Émile Servan-Schreiber, devient en 1953 chef de rédaction deMadame Expresscréé par Françoise Giroud ; elle a été aussi rédacteur en chef deL'Expresset duJardin des Modes, chroniqueuse pourElle, Europe 1, Télématin et La Chaîne Info. Elle est l'auteure, sous le pseudonyme de Collange, de nombreux livres consacrés aux femmes et aux relations intergénérationnelles et familiales.
Jean-Louis Servan-Schreiber (né en 1937), fils d'Émile Servan-Schreiber, entre dès 1960 au quotidien économiqueLes Échoscréé par son père et son oncle en 1908. Il en prend la direction de la rédaction deux ans plus tard. À la suite d'un stage approfondi dans la presse magazine américaine, il intègre en 1964L’Express, fondé par son frère Jean-Jacques en 1953. En 1967, JLSS crée avec Jean BoissonnatL’Expansion, autour duquel il développe au cours des 27 années suivantes le premier groupe de presse économique français, le Groupe Expansion, qui comprend aussiL’Entreprise,La Lettre de L’Expansion,La Vie Financière,La Tribune. Le groupe est revendu en 1994. JLSS a aussi enseigné à l'université Stanford, en Californie, de 1971 à 1973. De 1972 à 1981, il anime Questionnaire sur TF1. À la même époque, il est également chroniqueur sur France Inter et Europe 1 (Club de la presse). De 1994 à 1997, JLSS rachète et dirigeLa Vie Économiqueà Casablanca, dont il fera le premier hebdomadaire d’information du Maroc. Début 1997, il le revend pour acheterPsychologies magazineà Bernard Loiseau. Depuis 2006, il préside le comité de soutien de l'organisation Human Rights Watch en France. JLSS est aussi l'auteur de onze livres, dontL'Entreprise à Visage Humain(1973), etUne vie en plus, avec Joël de Rosnay et François de Closets (2005).
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