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Antoine Hazoume est né le 22 avril 1922 à Porto-Novo (Dahomey). Il est apparenté à l’écrivain Paul Hazoume (1890-1980). Engagé volontaire dans l’armée française pour quatre ans, il embarque à Cotonou pour la France en 1938 et participe à la bataille de France en 1939-1940 jusqu’à la défaite. Il est alors redirigé vers le Dahomey, où il est démobilisé en 1941 avec le grade de caporal et reçoit un certificat militaire de bonne conduite. Engagé au réseau de chemin de fer Bénin-Niger, il est responsable de la gare de Bokoutou. Il demande en 1946, au titre de la loi, un emploi réservé (comme préposé aux Douanes). Finalement, il gagne cette même année le Moyen-Congo, où il est employé à la chambre des Mines d’Afrique équatoriale à Brazzaville : engagé en qualité de secrétaire, il accède aux fonctions de secrétaire général adjoint, sous la protection du président de la chambre des Mines, Yves de Laveleye. Aîné de sa fratrie, il invite son frère cadet à le rejoindre à Brazzaville, et fonde sa propre famille à Brazzaville.
En parallèle de ses activités professionnelles, il s’engage en politique et devient militant puis cadre du Parti progressiste congolais (PPC), la section du Rassemblement démocratique africain (RDA) d’Houphouët-Boigny au Moyen-Congo. En 1956, il succède à Julien Boukambou – leader syndicaliste CGAT – au poste de secrétaire général du PPC. Grâce à ces fonctions, il opère en 1957-1958, pour le compte d’Houphouët-Boigny et avec le concours de Ouezzin Coulibaly, le transfert du label RDA en direction de l’Union démocratique de défense des intérêts africains (UDDIA) de l’abbé Fulbert Youlou. Conseiller de Youlou, il devient son directeur de cabinet politique à la présidence du Conseil le 15 juillet 1959.
Homme clé du dispositif anticommuniste à Brazzaville, il intègre en 1959 le séminaire de la Djoumouna (école des cadres anticommunistes) dirigé par Alfred Delarue, dit "Monsieur Charles", ancien inspecteur des RG de la préfecture de police de Paris, spécialiste de la lutte anticommuniste, compromis sous l'Occupation mais toujours utilisé officieusement après l’épuration. Hazoume s'y distingue et est repéré comme le meilleur élément. En 1960, Il est un acteur clé de la politique sécuritaire dans le cadre de l’indépendance : neutralisation du « complot communiste » de mai 1960, mission d’information anticommuniste auprès des autres chefs d’État de l’AEF, accueil des adversaires de Lumumba en exil à Brazzaville en août (Kalondji et Tshombé). C’est de cette période que date très probablement son recrutement comme agent du SDECE. Maurice Robert, chef du secteur Afrique, tient Hazoume pour son meilleur agent en Afrique centrale.
De 1961 à 1963, il devient plus spécifiquement conseiller spécial pour le Katanga à la présidence congolaise. Dans le cadre de cette mission, il assure la liaison entre Fulbert Youlou à Brazzaville et Moïse Tshombé à Élisabethville, et se voit même nommé de 1962 à 1963 conseiller technique au sein du cabinet de Tshombé, toujours en résidence à Brazzaville. C’est à cette époque qu’il devient un pilier de la « petite équipe » de Jean Mauricheau-Beaupré, missus dominicus de Foccart à Brazzaville.
La révolution des « Trois Glorieuses » des 13, 14 et 15 août 1963 renverse Fulbert Youlou et fait d’Hazoume un paria politique au Congo. Il s’efforce d’exfiltrer sa famille restée à Brazzaville, et la réinstalle en région parisienne. Au nom d’Houphouët, du SDECE et de la « petite équipe » de Mauricheau, il reste le principal conseiller RDA pour l’Afrique centrale. Dans un premier temps, d’août à décembre 1963, il travaille à la constitution d’un réseau de renseignement anticommuniste au Congo et à l’évasion de l’abbé Youlou. En septembre 1963, à Paris, Tombalbaye le présente officiellement à Foccart (qui, par Mauricheau, sait parfaitement qui il est). Parallèlement, Hazoume travaille activement au retour de Moïse Tshombé dans le jeu politique du Congo-Kinshasa.
En 1964, Tshombé est nommé Premier ministre du gouvernement central et Hazoume devient son conseiller. Il œuvre notamment à faire entrer le Congo-Kinshasa dans l’OCAM, la sphère d’influence politique et économique francophone en Afrique. Il sillonne l’Afrique francophone pour plaider l’intégration du Congo de Tshombé au « pré carré » français. De Kinshasa, il organise avec Bernard Kolelas et Philippe Lettéron la résistance youliste au Congo-Brazzaville. Bernard Kolelas jalouse toutefois la très grande influence dont jouit Hazoume auprès d’Houphouët. À la chute de Tshombé en octobre 1965, il prend la direction de Fort-Lamy (N’Djamena) où il devient conseiller du président François Tombalbaye, en qualité d’ambassadeur itinérant. Au sein de la « petite équipe », il travaille à Fort-Lamy avec Philippe Lettéron et Pierre Debizet, et à Abidjan avec Jean Mauricheau-Beaupré. Il assure la liaison avec Tshombé et Youlou en exil à Madrid en 1966 et travaille à leur retour au pouvoir à Kinshasa et Brazzaville.
Appelé en urgence à Fort-Lamy peu avant les fêtes de Noël 1966, il prend l’avion et se rend au Tchad – certainement dans le cadre de l’opération de restauration de Youlou avec le soutien du RDA. Le 24 décembre 1966, veille de Noël, il est retrouvé mort sur son lit dans la chambre 108 de l’hôtel La Tchadienne à Fort-Lamy. Tout laisse à penser qu’il a été empoisonné. Maurice Robert est convaincu de l’assassinat sans avoir pu identifier avec certitude les meurtriers.
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