France. Maison du roi (1578-1791)

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1578-08-01 (xsd:date)
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1791-12-31 (xsd:date)
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Maison du roi (fr)
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« Règlements de la Maison du roi. 1560-1606 » (Arch. nat., KK//544), dont le règlement de l’hôtel du roi d’août 1578, fol. 10-54
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« Code des officiers du roy ou recueil des règlements généraux de nos roys et de nos seigneurs les grands maîtres de France. 1733 » (Arch. nat., KK//547), dont le règlement de la Maison du roi du 7 janvier 1681, p. 27-41
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Édit de juillet 1779 portant réforme de l'organisation financière de les maisons du roi et de la reine, (Isambert, Jourdan et Decrusy, Recueil général des anciennes lois françaises, Paris, 1826, t. 26, p. 118-119, n°1150)
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Édit de janvier 1780 portant réforme de l'organisation financière de les maisons du roi et de la reine (BnF, département Droit, économie, politique, F-21201 (19))
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Édit d'août 1780 portant réforme de l'organisation financière de les maisons du roi et de la reine (édité dans Les oeuvres complètes de M. Necker, publ. par le baron de Staël, t. III, Paris, 1820-1821, p. 218-229)
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Règlement pour l’administration de la Maison du roi, dite Chambre aux deniers, du 17 août 1780
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"Règlement du roi sur quelques dépenses de sa maison et de celle de la reine", du 9 août 1787 (Isambert, Jourdan et Decrusy, Recueil général des anciennes lois françaises, Paris, 1827, t. 28, p. 416-419, n°2367)
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Guyot (Joseph-Nicolas), éd., Traité des droits, fonctions, franchises, exemptions, prérogatives et privilèges annexés en France à chaque dignité..., t. I, Paris : Visse, 1786, notamment chapitre II : De la maison du roi en général et des privilèges des commensaux, p. 376-432 et chapitre III : Du bureau général des dépenses de la maison du roi et des offices qui y ont rapport, p. 432-435
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Organisation interne ou généalogie

Statut et rémunération des membres de la Maison du roi

Tous les membres de la Maison du roi touchant au minimum 60 livres de gages étaient commensaux du roi, qualité qui leur valait d'importants privilèges. Le roi récompensait le service des commensaux non seulement par des gages, récompenses (par corps), gratifications (individuelles) et pensions, mais aussi par les traitements propres aux domestiques. Selon leur rang, les commensaux étaient logés par le roi au sein des résidences royales (pour les grands, au Louvre ou au château de Versailles principalement, pour les autres dans les maisons royales, en particulier le Grand Commun à Versailles). Quand il n'était pas possible de les loger, ils touchaient une somme de logement en argent proportionnelle à leur charge. Ils étaient nourris soit à l'une des deux tables d’honneur (celle du grand maître et celle du chambellan, plus tard dite table du premier maître d’hôtel), soit à l'une des cinq tables secondaires pour les officiers de second rang de la Chapelle, de la Chambre et de la Garde-robe. Quant aux officiers de la Maison-bouche et commune, ils prenaient leurs repas dans leurs services. Par défaut, ils pouvaient obtenir de la nourriture en nature. Leur statut leur donnaient droit à des privilèges fiscaux, judiciaires et d'honneur, pour lesquels ils étaient jalousés : exemption de la taille, des aides, du logement et de la nourriture des soldats, des services de garde des murs, du franc-fief, jouissance d'un banc à la paroisse et, pour les artistes ou artisans ayant un office au service du roi, exemption du contrôle des communautés de métiers. Pour pouvoir jouir de ces privilèges, il était nécessaire d'être inscrit dans les "états" de la Maison du roi, de la reine ou des princes de la Maison de France obligatoirement enregistrés à la cour des Aides en raison de l'exemption de la taille (notamment Arch. nat., Z/1a/472-Z/1a/523). Les membres du clergé titulaires de charges de cour y gagnaient l'exemption automatique de résidence dans leur bénéfice.

Par ailleurs, le privilège decommittimus(au grand sceau, valant pour tout le royaume) soustrayait, pour les affaires au civil uniquement, les commensaux aux juridictions ordinaires de première instance au profit d’un tribunal d’exception au sein du Parlement de Paris, la chambre des Requêtes du Palais (Arch. nat., X/3) [FRAN_NP_051811]. Enfin, ils relevaient de la juridiction, au civil et au criminel, de la Prévôté de l'hôtel, dirigée par le grand prévôt de France et chargée de la sécurité, de la police et de la subsistance de la cour et des crimes et délits commis par les officiers des maisons royales dans l'exercice de leurs fonctions ainsi que par les marchands privilégiés suivant la cour. Cette instance siégeait alternativement à Paris ou à Versailles et avait, entre autres missions, la compétence exclusive d’apposer et de lever les scellés et d’effectuer les inventaires après décès des personnes décédées dans les résidences royales à Versailles et surtout à Paris (Arch. nat., O/1/3700-O/1/3712, V/3 et Arch. départ. Yvelines, 1 B 1 à 337). En revanche, il était interdit aux commensaux d'exercer en même temps un office dans les finances du roi ou dans la judicature.

Les charges de la Maison du roi avaient pour la plupart été érigées en titre d'office au XVe siècle, mais une partie était aussi attribuée par commission ou par brevet. Recevant des lettres patentes de provision d'office, les premiers pouvaient vendre ou transmettre à leurs héritiers leur charge (sans pour autant, privilège particulier, être soumis au paiement du droit annuel, la paulette). Les seconds étaient nommés par commission (mission spécifique, temporaire, révocable et ne pouvant être résignée) ou par brevet de retenue (à commencer par le secrétaire d'État de la Maison lui-même), dont les titulaires n'étaient pas assujettis au paiement du droit annuel (paulette). Parmi les commensaux de second rang, ni les uns ni les autres ne pouvaient, par ailleurs, prétendre à un anoblissement après quarante ans de service ou deux générations. Cet anoblissement s'obtenait, souvent après une longue attente, pas des grandes lettres patentes octroyées ici au cas par cas.

Les charges de la Chambre et de la Maison-bouche et commune du roi étaient perpétuelles, alors que celles des autres maisons (celles de la reine, de la dauphine ou d'un des enfants de France) cessaient au décès du prince ou de la princesse. Pour ne pas perdre le bénéfice de ces charges, les titulaires se débrouillaient pour obtenir un poste semblable dans une autre maison, continuant ainsi de facto, en cas de décès de leur maître, à percevoir la totalité ou une grande partie de leur nourriture et de leurs gages. Par ailleurs, pour éviter le risque de la perte du capital versé pour l'achat de l'office par le décès du titulaire, la plupart avaient recours au droit de survivance. Le roi accordait volontiers des lettres de survivance (où était indiqué le montant à payer au moment de la succession), permettant à un parent d'être désigné comme survivancier en cas de décès du titulaire et de le suppléer en cas d'absence ou de maladie voire de facto à titre quasi permanent (lettres enregistrées dans O/1/13-O/1/128). Pour la Maison-bouche et commune, le grand maître exigeait des officiers auxquels il avait vendu leur office subalterne l'acquittement d'un droit de survivance et au successeur celui d'un droit de mutation. De plus, pour les hauts officiers, l'acquéreur d'un office demandait généralement un brevet de retenue (si accordé lors de la réception de la charge) ou un brevet d'assurance (si accordé postérieurement), qui lui garantissait en quelque sorte la valeur la plus élevée possible de l'office, qu'il pouvait de surcroît hypothéquer le cas échéant.

A côté des membres rémunérés pour leurs fonctions, la Maison du roi incluait des pages, issus de l'ancienne noblesse, qui étaient affectés au service d'honneur du souverain et des princes (les gentilshommes d'honneur ou menins auprès du dauphin), comme dans la Maison de la reine la dame d'honneur et les dames du palais. Considérés comme jouissant de faveurs personnelles et non de charge, tous recevaient des gratifications et des pensions de la part du roi ou de la reine.

On classait au XVIIIe siècle les commensaux de la Maison du roi en plusieurs catégories :

- premier ordre, officiers nobles de la couronne, le grand maître de la Maison, le grand chambellan, le grand maître de la Garde-robe, le grand écuyer, le grand veneur, le grand fauconnier et le grand louvetier ;

- deuxième ordre, les maîtres d'hôtel, officiers de la vénerie, de la fauconnerie et de la louveterie, les maréchaux et fourriers des logis, les valets et huissiers de la Chambre, les portemanteaux, etc.

- troisième ordre, les bas-officiers et les domestiques.

On notera, en passant, qu'au sein de cette catégorie figuraient les artistes, artisans et marchands ordinaires du roi, qui travaillaient exclusivement pour le roi pendant un temps donné de l’année, relevaient d'un département particulier de la Maison du roi (Chambre, Maison-bouche, Bâtiments, etc.) et servaient par quartier ou par semestre. Après avoir acheté une charge, ils obtenaient la validation de leur nomination par une simple "lettre de retenue" donnée par le secrétaire d'État de la Maison du roi, rédigée au nom du roi, scellée du cachet royal et adressées au grand officier dont dépendait l’office (enregistrées dans O/1/13-O/1/128 et à la Cour des aides, Z/1a/472-Z/1a/523) et par un brevet du même mentionnant cette grâce royale.

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Naissance et structuration de la Maison du roi

Prenant la suite de l'hôtel du roi de la fin du Moyen Âge, en charge de l'organisation du cadre domestique du roi et de sa cour, la Maison du roi, bien que placée à partir de 1570 sous l’autorité du secrétaire d'État de la Maison du roi, voit sa première véritable organisation se mettre en place par le règlement de l'hôtel du roi édicté en août 1578 par Henri III. C'est à Jean-Baptiste Colbert, qui en assuma la charge de 1669 à 1683, qu'elle doit sa structure quasi définitive. Par ailleurs, Colbert fut le seul à être à la fois secrétaire d'État de la Maison du roi et surintendant des Bâtiments du roi. Cet organe, bien que sous la tutelle du secrétaire d'État, avait rang de quasi ministère.

D'importantes réformes visant à limiter les dépenses de la cour et à organiser un véritable contrôle de celles-ci amenèrent en 1779-1780 et en 1782 à la suppression de très nombreuses charges (dont le remplacement en juillet 1779 des 19 trésoriers des divers services par un seul trésorier-payeur général des dépenses de la Maison du roi et de la reine et à la suppression de 406 charges en août 1780).

Selon W. Newton, il semble qu'avant les réformes de 1780, le secrétaire d'État de la Maison du roi n'ait pas eu un rôle très marqué dans l'administration de la cour. Il intervenait à la marge pour la discipline des officiers quand les directeurs de services ou la prévôté de l'Hôtel faisaient appel à lui. Et surtout, il était susceptible d'intervenir favorablement pour l'obtention d'une charge, d'une pension ou d'une faveur à l'occasion de ses réunions de "travail" avec le roi, en raison de l'absence fréquente des grands officiers ou des chefs de services. Après les réformes de 1780, il eut la co-tutelle, avec le contrôleur général des Finances, du bureau général des dépenses de la Maison du roi (deux conseillers de la Chambre des comptes et cinq commissaires généraux), ou bureau général de la Maison, mis en place pour administrer les services de la Maison réformée en en contrôlant les dépenses, mais ces officiers agissaient en toute indépendance. On notera que le financement des Bâtiments du roi n'était pas touché par ces réformes.

Missions et organisation

Formée des services organisés autour de la personne du roi et du dauphin, elle distinguait maison civile (ou domestique) et maison militaire. Le dauphin, héritier présomptif de la couronne, n'eut pas de maison propre sous Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, étant servi par les officiers de la Maison du roi.

Certains membres de la famille royale avaient leur maison particulière, ou maison réglée, dont la caractéristique essentielle était qu'elle cessait d'exister au décès du titulaire ou au changement de son statut (dauphine devenant reine, par exemple) : la reine, la dauphine, les enfants royaux, ou enfants de France, fils et filles du roi, à l'exception du dauphin, et les petits-enfants de France (Charles, duc de Berry, fils du Grand dauphin, et les fils du dauphin Louis, lui-même fils de Louis XV). Ces maisons ne sont ici pas prises en compte.

La maison civile

La maison civile était composée de nombreux services (on en comptait vingt-deux sous Louis XIV), dont les plus importants étaient les départements dirigés par les grands officiers de la Maison du roi : la Chapelle, la Maison-bouche et commune, la Chambre, la Garde-robe, le Garde-meuble, l’Argenterie, Menus Plaisirs et affaires de la Chambre – les Menus Plaisirs – , l’Écurie et la Vénerie. Parmi les grands officiers de la Maison du roi, les seuls à être par ailleurs grands officiers de la couronne sont le grand maître de la Maison du roi, en charge de la Maison-bouche, le grand chambellan, le grand maître de la Garde-robe, le grand écuyer et le grand veneur, toutes charges occupées par des membres de la haute noblesse, voire des princes du sang (la maison de Bourbon-Condé pour la charge de grand maître depuis le XVIIe siècle). Il convient de citer aussi la surintendance ou direction générale des Bâtiments du roi, dont le chef de service avait des missions dépassant très largement les seuls bâtiments et logements de la cour.

Les chefs des départements avaient droit de nomination aux emplois subalternes qu'ils vendaient comme "offices attribués" et bénéficiaient ainsi des revenus de la vénalité des charges pour leur propre département, notamment le grand maître. Ils participaient aussi pour partie à l'attribution des logements affectés dans leur ressort, non sans concurrence les uns avec les autres. Les chefs des grands services prêtaient serment dans les mains du roi, alors que d'autres, comme les capitaines des toiles, des lévriers de Champagne, des oiseaux du Cabinet et ceux des chasses royales, le faisaient dans les mains du grand officier dont ils relevaient - ici, le grand fauconnier. Le chef de chaque service délivrait les brevets de retenue et recevait le serment des récipiendaires de son ressort, sauf pour la Chambre, dont le premier gentilhomme de la Chambre avait la direction effective, recevant les serments des officiers mineurs, le chef en titre, le grand chambellan, délivrant, lui, les brevets.

• La Chapelle

Honorifiquement placé en tête des états des officiers de la Maison, le grand aumônier de France, en charge du service divin à la cour, du mariage des princes et princesses du sang et de la distribution des aumônes du roi, avait autorité sur la Grande Aumônerie, la Chapelle-oratoire et la Chapelle-musique (devenue en 1761 la Grande chapelle, les chantres et musiciens passant alors sous les ordres des premiers gentilshommes de la Chambre).

• La Maison-bouche et commune

Étant donné le nombre de bouches à nourrir à la cour, on ne s'étonnera pas d'apprendre que ce département était le plus considérable de la Maison. Dirigée par le grand maître de France, assisté du premier maître d'hôtel, la Maison-bouche, en charge de la table royale, comprenait trois offices : le gobelet-pain (paneterie-bouche), le gobelet-vin (l'échansonnerie-bouche) et la cuisine-bouche. La Maison-commune ou Grand Commun, destinée aux tables secondaires des officiers, incluait quatre offices : la paneterie-commune, l'échansonnerie-commune, la cuisine-commune ainsi que la fruiterie (éclairage et fruits) et la fourrière (bois et charbon pour la cuisine et le chauffage). De 1664 à 1780, s'y ajouta le Petit-commun pour les deux tables d'honneur de la cour, celles du grand maître et du grand chambellan. Du fait de la multiplication des dîners privés dans les cabinets intérieurs et les Petits appartements du roi ou dans ses résidences de plaisance, un service informel finit par se structurer vers 1759 sous la forme du service des Petits appartements, d'une part, et du service "aux extraordinaires" ou service privé des maisons de plaisance du roi, d'autre part. Au sein du contrôle général de la Maison-bouche et commune, le comptable était le maître de la Chambre aux deniers, qui rédigeait chaque année un budget prévisionnel détaillé intitulé "état et menu général de la dépense ordinaire de la Chambre aux deniers du roi, année xxxx", ancêtre de nos "menus" de table (dont Arch. nat., O/1/767/bis-O/1/779 et trente-cinq exemplaires à la BnF).

• La Chambre et la Garde-robe

Tout à la fois espace réel (la grande chambre du roi, chambre de parade, au centre des résidences royales, formant avec les antichambres et la salle des gardes l'appartement royal, ouvert au public, séparé des cabinets intérieurs, espace privé) et "organisation entourant le roi pour répondre à ses besoins personnels et pour assurer le cérémonial requis par la dignité du monarque" et ses divertissements, où qu'il allât (W. Newton), le département dit de la Chambre du roi se divisait en deux grands services, la Chambre du roi proprement dite et la Garde-robe du roi. Le premier était en principe dirigé par le grand chambellan, assisté du premier gentilhomme de la Chambre servant par année (alternativement avec ses trois collègues). Au fil du temps, plusieurs services prirent leur distance et pour ainsi dire leur indépendance, le grand chambellan n'ayant plus qu'une direction honorifique. Amené à côtoyer quotidiennement le roi, le premier gentilhomme, qui recevait les serments de fidélité des officiers inférieurs, dirigeait en réalité les premiers valets, les valets de chambre en quartier, les barbiers, les garçons de la Chambre, Antichambre et Cabinet et avait la haute main sur la musique de la Chambre (et son surintendant) et les Menus Plaisirs du roi.

Second grand service, la Garde-robe était dirigée, depuis 1669, par le grand maître de la Garde-robe, assisté de deux maîtres et de nombreux valets et agents subalternes. Le Cabinet du roi formait le bureau privé du monarque (dont son secrétariat personnel). Enfin, bien que relevant théoriquement du grand veneur, deux services de la chasse ("les" plaisirs du roi) étaient rattachés depuis 1688 à la Chambre, les vols de la Chambre et du Cabinet et les levrettes et lévriers de la Chambre.

Dépendait aussi de la Chambre la Faculté, le service des médecins, chirurgiens, apothicaires et dentistes du roi, sous l'autorité du premier médecin du roi, qui prêtait serment entre les mains du roi.

• Le Garde-meuble de la couronne

Le Garde-meuble était chargé de la gestion du mobilier et des objets d'art destinés à l'ameublement et l'ornement des résidences royales. En 1604 fut créé un office d'intendant des meubles de la couronne, chargé de la commande des meubles, de l'entretien et de la surveillance du mobilier et de la vaisselle ainsi que des batteries de cuisine se trouvant sous la garde des concierges des différentes maisons royales. A partir de 1633 le titulaire fut intendant général puis intendant et contrôleur général. Il était assisté d'un garde général. Colbert réorganisa le département et son fonctionnement en chargeant Gédéon Berbier du Metz de faire dresser de 1664 à 1674 un inventaire général et perpétuel sur le modèle de l’inventaire des biens de Mazarin (orfèvrerie, vaisselle d'or et d'argent, filigranes, vases, pierres précieuses, cristaux de roche, miroirs, tapisseries, tapis, cabinets, tables, guéridons d'ébénisterie, meubles de brocart, de velours et étoffes, tableaux, statues, armes et armures, porcelaines, chandeliers et girandoles de cristal, etc.), chaque objet recevant un numéro d'identification également inscrit sur le meuble (inventaire renouvelé en 1729, 1775 et 1792) et, d'autre part, de mettre en place un "journal du Garde-meuble" (effectif en 1666) pour rendre compte de chaque nouveau meuble fourni et pour l'enregistrement des mouvements des meubles (ou de leur vente ou destruction éventuelle). Le Garde-meuble ne disposait pas d'une trésorerie propre et ses dépenses étaient imputées sur les budgets de l'Argenterie, des Menus Plaisirs et des Bâtiments du roi (notamment pour les productions des manufactures royales).

• L’Argenterie, Menus, Plaisirs et affaires de la Chambre – les Menus Plaisirs du roi

Par son titre même ce département résume l'enchevêtrement labyrinthique des offices et missions au sein de la Maison du roi. Placés sous la direction du premier gentilhomme de la Chambre et administrés par un, puis des intendants (puis intendants et contrôleurs), ces services, lointains héritiers de l’Argenterie médiévale, furent regroupés sous une seule trésorerie parce qu'ils avaient pour point commun de s'occuper d'objets ou d'événements éphémères du "décor du spectacle monarchique" (P. Lemaigre-Gaffier). L'Argenterie gérait, outre les gages des officiers de la Chambre, les sacres, les cérémonies religieuses, les fêtes solennelles, les baptêmes, mariages, pompes funèbres et processions, les Menus, pour leur part, les petites fournitures faites par les valets de chambre, barbiers et tapissiers, les livrées, frais de voyages, tentes de campagne et maisons de bois, almanachs et calendriers de la cour, bijoux et portraits offerts par le roi ; enfin, les affaires de la Chambre étaient responsables des nécessaires de toilette, des objets et du linge pour le bain, des flacons d’argent et des toilettes de chasse. Les Plaisirs avaient la charge d'organiser les divertissements du roi et de la cour (fêtes, ballets et bals masqués, "comédies et concerts", théâtre en plein air, jeux nautiques, illuminations et feux d'artifice), et d'en concevoir, réaliser et entretenir les décors et les costumes (ayant donné lieu aux célèbres dessins des Recueils des Menus Plaisirs du roi) ainsi que les instruments de musique. Ils faisaient appel aux meilleurs auteurs, artistes, artisans et ingénieurs machinistes du temps. Les compétences des uns et des autres n'allaient pas sans concurrence interne ou externe mais aussi collaboration notamment avec le grand maître des cérémonies et les Bâtiments du roi. Le premier gentilhomme de la Chambre avait une mission d'inspection sur les théâtres (Comédie-Française, Comédie-Italienne, Opéra-Comique) et les foires de Paris. L'académie royale de musique (Opéra), était sous la tutelle du secrétaire d'État de la Maison du roi, et fut administrée, de février 1776 à mars 1777 par trois commissaires royaux dirigés par Papillon de La Ferté, intendant général des Menus Plaisirs, puis rattachée aux Menus Plaisirs de mars 1780 à avril 1790.

• Le grand maître des Cérémonies et l'introducteur des ambassadeurs

Alors que le premier gentilhomme de la Chambre réglait le cérémonial de la vie quotidienne du monarque, le grand maître des Cérémonies (charge créée en 1585) avait la haute main sur le cérémonial royal et de la cour à l'occasion des rituels d'État : sacres, mariages, baptêmes, lits de justice, états généraux. Par ailleurs, dans un monde où se développaient de plus en plus les relations diplomatiques, l'introducteur des ambassadeurs (charge créée en 1620) réglait le rituel et les cérémonies de la vie diplomatique, essentiellement l'entrée des ambassadeurs (ou de visiteurs de marque, parfois venus de fort loin), leur présentation au roi et à la famille royale et les visites régulières.

Les deux officiers dépendaient du grand maître entre les mains duquel ils prêtaient serment.

• L’Écurie

Dirigé par le grand écuyer de France ("Monsieur le Grand", charge éminemment honorable réservée à partir de 1643 à un prince de la maison de Lorraine), ce département comprenait depuis 1582 la Grande écurie et la Petite écurie. La première, avec à sa tête un premier écuyer ("Monsieur le Premier"), était chargée des chevaux de selle pour les voyages, les promenades, les chasses et les campagnes militaires. Ses services incluaient, outre l'état-major, les officiers chargés des chevaux, des transports, des finances et de l'administration, la Faculté, l'école des pages, les officiers en charge des cérémonies, de l'intendance, les marchands-fournisseurs, la Musique des écuries, le haras et les courriers (chevaucheurs).

La Petite écurie, également dirigée par un premier écuyer, s'occupait des transports en carrosse (à la conception desquels prenaient part les Menus Plaisirs) mais aussi pour partie des chevaux de selle pour les chasses et son premier écuyer supervisait son école des pages. Ses dépenses étaient prises sur la cassette du roi. Bien plus réduite que la Grande écurie, elle comprenait à la fin de l'Ancien Régime, un état-major (incluant des écuyers cavalcadours, titulaires de commissions et responsables notamment du dressage des chevaux à l'usage du roi et des princes), un service des voitures et des véhicules légers (dont les chaises) et leurs attelages, un service des chevaux, des finances et de l'administration, des transports, la Faculté et l'école des pages.

Le budget de ce département, comptant à la fin de l'Ancien Régime de très nombreuses charges ou emplois subalternes à la nomination du grand écuyer, était le plus important de la Maison du roi. En plus des réductions de postes opérées lors des réformes financières de Necker en 1780, s'imposa, après une vaste enquête, la réunion de la Grande écurie et de la Petite écurie sous l'autorité du prince de Lambesc, grand écuyer (règlement du 9 août 1787, art. 4, effectif au 1er octobre 1787), avec réduction drastique des emplois (289). En 1790 enfin, les Écuries de la reine furent réunies à celles du roi.

Le grand écuyer contrôlait et agréait, par ailleurs, les académies équestres créées dans le royaume sous le nom d'académies royales.

• La Vénerie

Dirigée par le grand veneur de France, la Grande vénerie était chargée des divers équipages des chasses royales - "plaisirs" du roi par excellente - et de l'administration des capitaineries des chasses autour de Paris et en Île-de-France. Elle comprenait quatre servies distincts, la vénerie, essentiellement pour la chasse au cerf, la fauconnerie, pour les oiseaux, la louveterie (dont la mission s'étendait à tout le royaume, mais qui avait un équipage à la disposition du roi ou des princes à Versailles) et le vautrait (ou équipage des toiles de chasse, tentes et pavillons du roi), pour le sanglier (puis aussi pour le peuplement des parcs en gibier). Il faut ajouter deux petits services quasi indépendants, la meute de chiens d'Écosse pour la chasse au lièvre, supprimée en 1736, et la meute des chiens pour la chasse au chevreuil, à l'existence éphémère (1749-1759). La Vénerie proprement dite était divisée en deux ensembles, l'écurie et les meutes (la meute royale ou grande meute et la petite meute ; en 1738 s'y ajouta la meute du daim, ou des chiens verts à Clagny, payée sur la cassette du roi et non sous la tutelle du grand veneur et supprimée en 1776).

La fauconnerie, dont l'activité était devenu un "charmant anachronisme" (W. Newton) ne servait pas souvent. Elle comptait neuf "vols", désignant les proies (héron, lièvre, pie, deux pour corneille, rivière, champs et deux pour milan), chacun dirigé par un capitaine, sans compter les vols du Cabinet, qui relevaient en fait du grand maître de la Chambre depuis 1688. Elle fut réformée en 1748, quarante-cinq charges vénales étant supprimées.

En 1780, on mit fin aux neuf gardes des aires et en 1786 aux deux services de chasse rattachés à la Chambre, les vols de la Chambre et du Cabinet et les levrettes et lévriers de la Chambre. Par le règlement du 9 août 1787 (article 5, effectif au 1er octobre 1787), furent supprimés les services de la grande fauconnerie, la louveterie et le vautrait.

• La surintendance ou direction générale des Bâtiments

La surintendance ou direction générale des Bâtiments avait un statut de quasi ministère ; cependant, une partie de son personnel émargeait à son budget, et elle avait un rôle prépondérant pour le logement de la cour sédentaire et de ses membres, de quelque rang qu'ils fussent, à commencer par le souverain. Lorsque la cour se déplace, c'est un autre service qui s'en occupe, celui du grand maréchal des logis.

Créée en 1602 par Henri IV, la surintendance des Bâtiments, devenue ensuite direction générale, fut initialement et principalement destinée à assurer la construction et l'entretien des résidences royales considérées comme le domaine personnel du souverain (le Louvre et les Tuileries, Versailles et Trianon, Marly, Saint-Germain-en-Laye, Compiègne, Fontainebleau, Vincennes, Blois, Chambord, Pau, etc.). Approchant le roi très régulièrement lors des séances de "travail du roi" et disposant d'un personnel aux compétences techniques affirmées – ce qui distinguait ce service de nombreux autres départements de la Maison du roi où les détenteurs de charges vénales avaient souvent des qualifications très limitées –, le surintendant ou directeur général était assisté dans ses missions de conception et de réalisation par le premier architecte (et, dans une moindre mesure, le premier peintre), les contrôleurs généraux, inspecteurs généraux et commis du bureau (toutes charges tenues en titre d'office jusqu'à la réforme de 1776), qui dirigeait des équipes d'architectes ordinaires, inspecteurs, dessinateurs, commis, arpenteurs-géographes, fontainiers (nommés par commission ou par brevet de retenue), chargés pour leurs ressorts respectifs (dits "départements", tels ceux de Versailles-château et Versailles-Dehors) du suivi des constructions et de l'entretien, en rapport avec les entrepreneurs privés chargés des travaux après appels d'offre et adjudication. Le prévôt des Bâtiments, poste créé par Louvois en 1683, assurait la police des chantiers puis celles des avenues.

• Le service de la cour en déplacement et le grand maréchal des logis

Pour les voyages et visites effectués par le roi dans le royaume, notamment dans ses lieux de villégiature saisonnière (Fontainebleau et Compiègne), le souverain était toujours accompagné d'un groupe restreint d'officiers, de domestiques et de courtisans. Lors de ses campagnes militaires, en tant que souverain, il était pareillement assisté d'officiers domestiques en plus de ses officiers militaires. Alors que l'assignation des logements dans les châteaux relevait du gouverneur de la résidence royale, c'était le grand maréchal des logis qui était chargé de la répartition des logements réquisitionnés dans les lieux alentour pour les officiers et la domesticité royale et les troupes en charge de la garde. Il était assisté de maréchaux des logis et de fourriers qui suivaient une procédure immuable de marquage à la craie respectant les principes de l'étiquette de cour, y compris pour la répartition interne des logements.

La maison militaire

La maison militaire du roi, à l'origine service de la garde personnelle du roi, formait la garde du souverain et de la cour, dont elle assurait la sécurité et la garde d'honneur et de parade. Placée sous l'autorité du secrétaire d'État de la Maison du roi, pour son organisation et son service à la cour, elle dépendait de son collègue de la Guerre pour son emploi dans l'armée et relevait financièrement de l'Ordinaire des guerres.

Structurée essentiellement sous Louis XIV qui, à partir des corps de la garde, en fit officiellement sa maison militaire en 1671 et souhaita en faire une troupe d'élite pour la guerre ainsi qu'une école pour les militaires, elle comprenait au XVIIIe siècle les quatre compagnies des gardes du corps, les gardes de la porte (dépendant officiellement de la maison civile), les cent-suisses, les gardes suisses, les chevau-légers et les gendarmes de la garde, la première et la seconde compagnies des mousquetaires (gris et noirs), la gendarmerie d'ordonnance du roi, les grenadiers à cheval et les gardes françaises. Seuls les gardes du corps, les gardes de la porte, les cent-suisses et les gendarmes de la garde étaient inscrits sur l’état de la Maison du roi et jouissaient des privilèges des commensaux. Leurs capitaines, officiers et soldats étaient payés, en partie, par le trésorier de la Maison du roi (car servant le roi en tant que monarque et que personne), les autres par l'ordinaire des guerres (car servant le roi uniquement en tant que monarque).

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« Règlements de la Maison du roi. 1560-1606 » (Arch. nat., KK//544), dont le règlement de l’hôtel du roi d’août 1578, fol. 10-54
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« Code des officiers du roy ou recueil des règlements généraux de nos roys et de nos seigneurs les grands maîtres de France. 1733 » (Arch. nat., KK//547), dont le règlement de la Maison du roi du 7 janvier 1681, p. 27-41
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Édit de juillet 1779 portant réforme de l'organisation financière de les maisons du roi et de la reine, (Isambert, Jourdan et Decrusy, Recueil général des anciennes lois françaises, Paris, 1826, t. 26, p. 118-119, n°1150)
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Édit de janvier 1780 portant réforme de l'organisation financière de les maisons du roi et de la reine (BnF, département Droit, économie, politique, F-21201 (19))
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Édit d'août 1780 portant réforme de l'organisation financière de les maisons du roi et de la reine (édité dans Les oeuvres complètes de M. Necker, publ. par le baron de Staël, t. III, Paris, 1820-1821, p. 218-229)
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Règlement pour l’administration de la Maison du roi, dite Chambre aux deniers, du 17 août 1780
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"Règlement du roi sur quelques dépenses de sa maison et de celle de la reine", du 9 août 1787 (Isambert, Jourdan et Decrusy, Recueil général des anciennes lois françaises, Paris, 1827, t. 28, p. 416-419, n°2367)
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Guyot (Joseph-Nicolas), éd., Traité des droits, fonctions, franchises, exemptions, prérogatives et privilèges annexés en France à chaque dignité..., t. I, Paris : Visse, 1786, notamment chapitre II : De la maison du roi en général et des privilèges des commensaux, p. 376-432 et chapitre III : Du bureau général des dépenses de la maison du roi et des offices qui y ont rapport, p. 432-435
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1578-08-01 (xsd:date)
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Un tournant majeur s'opère lorsqu’Henri III réglemente en août 1578 l’organisation domestique de la cour, plus tard parachevée par Colbert. On parle alors de la « maison du roi », expression qui supplante le terme d’hôtel.

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Base de données « Menus Plaisirs du roi » dans ARCHIM

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