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Jean Nazet, né à Paris en 1909, passe son enfance et son adolescence dans le quartier de Plaisance (14e arrondissement). Élève au lycée technique Lavoisier, il termine ses études secondaires au lycée Chaptal où il a pour condisciple Jean Anouilh, avec qui il se lie d’amitié. En sa compagnie, il devient précocement un spectateur assidu des théâtres de la capitale, notamment ceux dirigés par les membres du « cartel » (Gaston Baty, Charles Dullin, Louis Jouvet, Georges Pitoëff). Étudiant en lettres et en philosophie à la Sorbonne, il est marqué par l’enseignement du médecin et psychologue Georges Dumas, qui le conduit à rédiger, pour son diplôme d’études supérieures, un mémoire en psychiatrie après un stage à l’hôpital Sainte-Anne. Parallèlement à ses études supérieures, Nazet fait du théâtre en amateur, à la fois comme comédien, metteur en scène et auteur dramatique. Non moins intéressé par l’art des chansonniers et par l’opérette, il s’essaie à l’écriture de revues et excelle vite dans celle des bouts rimés.
Nommé en janvier 1937 surveillant d’internat au lycée de La Roche-sur-Yon (Vendée), il y est promu six mois plus tard maître d’internat intérimaire. À la rentrée 1937, il devient répétiteur au lycée Fontanes de Niort (Deux-Sèvres), puis, à la suivante, dans la même ville, professeur adjoint délégué à l’école primaire supérieure de garçons où, durant trois années scolaires, il enseigne le français et l’anglais. En octobre 1941, il retourne au lycée Fontanes comme professeur adjoint titulaire. Trois ans plus tard, il est nommé professeur délégué de philosophie, remplaçant un enseignant suspendu et incarcéré. Dans un rapport d’avril 1945, son proviseur indique que Jean Nazet a été « amené à enseigner temporairement presque toutes les matières littéraires dans la plupart des établissements de Niort ». Enseignant aussi dévoué qu’aimé, Nazet compte notamment parmi ses élèves Jean Richard, le futur commissaire Maigret de la télévision publique. Mais il rejoint aussi très tôt à Niort un groupe de comédiens amateurs, Les Amis du Théâtre, avec lequel il monte des revues, dont, quelques mois après la Libération,Débochons-nous, qui rencontre un vif succès et qui est suivie, deux ans plus tard, parSerrons les francs ! ou la Paix rimée.
En mai 1945, Jean Nazet est recruté par la direction de la Jeunesse, alors menée par Jean Guéhenno, comme inspecteur départemental des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire. En janvier 1947, le recteur de l’académie de Poitiers relève qu’il « a concentré tout particulièrement son activité sur le théâtre amateur. L’office culturel des Deux-Sèvres dont il est le principal animateur est une société d’éducation populaire très vivante et qui aurait un succès du meilleur aloi ». En 1949, Nazet est appelé à poursuivre des fonctions d’inspection élargies à la France entière, empire colonial compris ; il est alors détaché auprès du Centre national d’éducation populaire de Marly-le-Roi, dont il devient en 1955 adjoint au directeur. À partir de 1962, il est affecté à l’administration centrale (Haut-commissariat à la Jeunesse et aux sports) et promu quelques mois plus tard inspecteur principal. Nazet conçoit, organise et anime de nombreux stages d’animateurs d’éducation populaire appelés à intervenir en milieu rural. Il siège fréquemment dans des jurys, comme celui du concours national du théâtre universitaire et amateur. Il s’implique dans la formation, initiale et permanente, comme dans le recrutement des cadres de jeunesse.
Novateur sur le plan méthodologique, il invente et perfectionne la technique – ou le concept – du livre vivant, qui, mieux que l’adaptation théâtrale d’une œuvre romanesque, est un récit mené par un ou plusieurs narrateurs (formant en ce cas un chœur sur le modèle du théâtre grec antique), qui transpose sur une scène, le plus souvent de plein air, les passages dialogués de l’œuvre à la fois les plus dramatiques et les plus représentatifs du style de l’auteur, afin – et c’est l’essentiel – de donner envie aux spectateurs de devenir des lecteurs. Nazet teste la formule durant l’été 1946, dans le cadre des activités du centre d’éducation populaire de Romagne (Vienne). L’été suivant, avec l’aide du couple d’instituteurs responsables de l’école de Cherveux, un village des Deux-Sèvres, et de la section théâtre de son foyer rural, il présente leTristan et Yseutde Joseph Bédier et d’Artus. Le succès est assez vif pour permettre la tenue, encore à Cherveux les deux étés suivants, d’un festival de théâtre. Mais Nazet préfère se consacrer ensuite à l’organisation et à la direction du « stage national d’animateurs ruraux », dont l’enjeu est le montage de livres vivants, et qui se déroule successivement à Charleval (Bouches-du-Rhône, 1951), Vielle-Aure (Hautes-Pyrénées, 1952), Peyrehorade (Landes, 1953), Nohant (Indre, 1954), Cordes-sur-Ciel (Tarn, 1955), Saint-Léonard de Noblat (Haute-Vienne, 1956) et encore à Augé (Deux-Sèvres, 1959), où il s’enracine les deux années suivantes, puis à Thuir (Vaucluse) en 1962. Pour ces stages et pour d’autres, dirigés par ses collègues, l’inspecteur-animateur trouve le temps d’élaborer plus d’une trentaine de « découpages » de « livres vivants » qu’il tire de chefs d’œuvre de la littérature française. Les XIXe et XXe siècles s’y taillent la part du lion (Balzac :Une ténébreuse affaire, Le père Goriot, Le médecin de campagne; Hugo :Notre Dame de Paris; Sand :Les Maîtres sonneurs; Zola :Germinal, Au bonheur des dames; Martin du Gard :Les Thibault; Laforgue, Proust, Ramuz, Cendrars, Gibeau, etc.) mais figurent également quelques grands classiques médiévaux (Le jeu de Mélusine) ou de l’époque des Lumières (Manon Lescaut). Preuve du prix qu’il attachait à cette démarche, Jean Nazet a déposé les dactylogrammes de trois de ses découpages ainsi que les livrets de ses deux revues niortaises à la Société des auteurs et compositeurs dramatiques.
Sans doute sous son impulsion, est fondée, dès 1952, une « amicale des participants aux stages d’animateurs ruraux ». Dans la foulée, l’association crée une « revue d’information sur l’animation populaire en milieu rural »,Éducation et vie rurale, dont la rédaction en chef est confiée à Jean Nazet. Il est en pratique le principal contributeur de la publication, avec des articles qui alternent retours du terrain («Le jeu de Mélusine, imagerie dramatique populaire », 1952 ; « Une expérience d’éducation populaire au pays de George Sand », 1961), essais d’histoire littéraire (« Les influences de la comédie italienne sur le théâtre français du XVIe siècle à nos jours ») et textes théoriques (« Le théâtre au village », 1954). Rebaptisée en 1961Éducation et vie sociale, pour s’ajuster à la réalité sociologique d’un pays où les campagnes n’ont plus le même poids, puisLe Fil, la revue reste le porte-voix de Jean Nazet et lui offre un espace de liberté appréciable, dans un contexte de bureaucratisation peu favorable voire peu bienveillant à l’endroit des cultures populaires.
Dans les années 1960, l’animateur qu’il est fondamentalement se trouve de plus en plus contrarié par les exigences d’une hiérarchie qui place en tête des priorités l’accomplissement de ses responsabilités administratives et qui tolère de moins en moins son investissement associatif. Ces tracasseries n’empêchent cependant pas la promotion de Jean Nazet au rang d’inspecteur général, qui survient en février 1972. Trois mois plus tard, il est terrassé par une crise cardiaque.
Son décès prématuré soulève une profonde émotion chez les professionnels de l’animation, dont beaucoup ont bénéficié de son enseignement, et dans toute la mouvance associative de l’éducation populaire, sensible à ses qualités relationnelles et à son charisme. Des hommages réitérés lui sont rendus : numéro spécial duFil, paru au début de 1973, « Rencontres » autour de son œuvre organisées en Charente-Maritime pour marquer le premier anniversaire de sa disparition, et, en 2009, célébration du centenaire de sa naissance. Durant près d’un demi-siècle, le « livre vivant » lui survit comme type de création collective élaborée dans le cadre de stages de réalisation, notamment du fait de l’engagement de son « disciple » Michel Philippe.
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Jean Nazet a été le professeur de philosophie de Michel Philippe au lycée de Niort. Michel Philippe a été secrétaire de rédaction de la revue "Éducation et vie rurale", créée et dirigée par Jean Nazet.
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