Roche, Daniel (1935-2023)

Daniel Roche est un historien et universitaire, spécialiste de l’histoire culturelle et sociale de la France d’Ancien Régime. Issu d’une famille de la petite bourgeoisie parisienne, il épouse en 1960 Fanette Pézard, italianiste et historienne de l’art, fille d’André Pézard, professeur au Collège de France. Après un CAP de métallurgie, Daniel Roche est poussé par ses professeurs à reprendre des études à la Sorbonne qui le conduisent à l’École normale supérieure de Saint-Cloud (ENS, 1956-1960), où il prépare un mémoire de maîtrise sous la direction d’Ernest Labrousse. Agrégé d’histoire (1960), il est d’abord professeur au lycée de Châlons-sur-Marne (1960-1962), puis assistant puis maître-assistant à l’ENS Saint-Cloud (1962-1969), tout en étant chargé de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS, 1962-1973). Sa thèse de doctorat, préparée sous la direction d’Alphonse Dupront, est soutenue en 1973 et publiée sous le titreLe Siècle des Lumières en province : académies et académiciens provinciaux, 1680-1789(Paris, EHESS, et La Haye, Mouton, 1978). Il est successivement en poste comme chargé d’enseignement puis maître de conférences à l’université Paris-VII Diderot (1973-1977), avant d’être nommé professeur à Paris-I Panthéon-Sorbonne (1978-1997), à l’Institut européen de Florence (1985-1989), à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS, 1989-1998) et au Collège de France (1998-2004, à une chaire d’« histoire de la France des Lumières »). Son œuvre s’appuie sur des enquêtes collectives conduites dans les archives notariales et sur des séries de livres imprimés, mais aussi sur l’édition de témoignages exceptionnels tels que leJournal de ma viede Jacques-Louis Ménétra, compagnon vitrier, ou les écrits de Siméon-Prosper Hardy, imprimeur-libraire. Plusieurs de ses livres renouvellent l’histoire de la culture matérielle :Le peuple de Paris : essai sur la culture populaire au XVIIIe siècle(1981) ;La culture des apparences : essai sur l’histoire du vêtement(1989) ;Histoire des choses banales : naissance de la société de consommation(1997). À côté de synthèses marquantes, commeLes Français et l’Ancien Régime(avec Pierre Goubert, 1984) ouLa France des Lumières(1993), on lui doit aussi d’ambitieuses études sur l’histoire des migrations et des mobilités (La ville promise : mobilité et accueil à Paris, 2000 ;Humeurs vagabondes : de la circulation des hommes et de l’utilité des voyages, 2003) et sur le cheval envisagé comme objet d’histoire totale, tant économique, que sociale et culturelle (La culture équestre, 2008-2015). Son travail le rapproche d’historiens tels que Jean-Claude Perrot et Roger Chartier. Il reçoit pour son œuvre de nombreuses récompenses comme le Grand prix national d’histoire ou le grand prix d’histoire de la Ville de Paris. Au cours de sa carrière, il exerce également d’importantes responsabilités académiques, en particulier comme président de la section 33 au CNRS (histoire des époques moderne et contemporaine), comme directeur de l’Institut d’histoire moderne et contemporaine (IHMC, 1990-2000) ou encore comme codirecteur, avec Pierre Milza, de laRevue d’histoire moderne et contemporaine. Sa position académique s’affirme aussi par la direction de dizaines de travaux de doctorat, par la participation aux conseils scientifiques d’établissements d’enseignement et de recherche, et par la présidence de nombreux jurys de recrutement. Chercheur engagé dans la défense de la recherche scientifique, il préside l’Association de réflexion sur les enseignements supérieurs et la recherche (2002-2005, après Pierre Bourdieu et avant Christophe Charle). Sa carrière et ses travaux sont salués par plusieurs doctoratshonoris causa(universités de Vérone et de Genève) et distinctions honorifiques (chevalier de l’ordre national du Mérite, chevalier des Palmes académiques, commandeur des Arts et des lettres).