Castries, Charles de La Croix (1727-1801 ; marquis de)

Charles Eugène Gabriel de La Croix de Castries (1727-1801) est issu de la maison de La Croix de Castries, ancienne famille noble de Montpellier dont on retrouve les plus anciennes mentions à partir du XIVe siècle. Il est le fils de Joseph François de La Croix, marquis de Castries (1663-1728), lieutenant du roi en Languedoc, gouverneur et sénéchal de Montpellier, et de sa seconde épouse, Marie-Françoise de Lévis de Charlus (1698-1728), fille aînée du duc de Lévis et de Marie-Françoise d’Albert de Luynes.

Il entre au régiment du Roi-Infanterie en 1739 en tant que sous-lieutenant et devient lieutenant en 1742. Il est en même temps lieutenant du roi en Languedoc et gouverneur de Montpellier et Sète dès 1743. Mestre de camp du régiment du Roi-Cavalerie en 1744, il se signale à la bataille de Fontenoy (1745) et, en 1748, il est nommé maréchal de camp et commandant général de la cavalerie. Il fait avec éclat la guerre de Sept Ans et toutes les campagnes du règne de Louis XV : en 1756, il commande le corps expéditionnaire aux Caraïbes ; en 1757, il se distingue à la bataille de Rossbach (1757) ; lieutenant général en 1758, il est nommé maître de camp général de la cavalerie en 1759 ; il remporte en 1760 la victoire de Clostercamp et, en 1762, est fait chevalier de l’ordre de Saint-Louis.

Une fois la Guerre de Sept ans terminée, Castries devient gouverneur de Lyon, ainsi que des provinces du Lyonnais et du Forez. En 1770, sur proposition de Choiseul, il est nommé capitaine lieutenant de la compagnie des Gendarmes écossais et commandant de la Gendarmerie, poste qu’il gardera jusqu’à sa retraite en 1788. En 1774, il est nommé commandant en chef de la Flandre et du Hainaut, soit le plus important commandement militaire de France. Il achète le comté d’Alès en 1777.

De 1780 à 1787, Castries succède à Sartine comme secrétaire d’État à la Marine ; il met alors met à profit son ministère pour réorganiser la flotte. En 1783, il est élevé à la dignité de maréchal. Dans le cadre de la guerre d'indépendance américaine, Castries réorganise la flotte et fait adopter par le Conseil la nouvelle stratégie maritime qui conduit au succès durant la guerre ; les escadres sont confiées à de nouveaux chefs plus offensifs, comme de Grasse. Ces choix contribuent en partie à la victoire franco-américaine de 1781. Dans l'Océan indien, il envoie une escadre sous le commandement du bailli de Suffren, pour reprendre, sans succès, les places françaises aux Anglais. Il s'intéresse de près aux Mascareignes (ile Bourbon et ile de France), où il réorganise la défense, met en ordre l'économie et l'administration. Il conduit en outre un très important effort de législation : il simplifie la hiérarchie et réorganise l'inscription maritime (1783). C'est sous son autorité que sont choisis, de 1782 à 1787, les plans-type des nouveaux vaisseaux « Borda-Sané » de 74, 80 et 118 canons qui équipent la marine française jusque dans les premières décennies du XIXe siècle.

Démis de ses fonctions en 1787, Castries se retire de la vie politique et devient membre de l'Académie des sciences (28 février 1788). Sollicité par Louis XVI pour reprendre son ministère le 13 juillet 1789, il décline l’honneur et, le 20 octobre, émigre en Suisse, à Coppet, chez Jacques Necker. En 1792, lors de l’invasion des Prussiens en Champagne, il commande avec le maréchal de Broglie un corps de l’armée des Princes et devient le principal conseiller du comte de Provence. Il meurt à Wolfenbüttel (Allemagne, Basse-Saxe) le 11 janvier 1801.

Le maréchal de Castries avait épousé, le 19 décembre 1743, Gabrielle Isabeau Thérèse de Rozet de Rocozel de Fleury, fille du duc de Fleury, dont il a eu deux enfants : Charles de La Croix de Castries (1756-1842), qui épouse en premières noces en 1778 Marie Adrienne de Bonnières de Guines, fille du duc de Guines, ancien ambassadeur à Berlin et à Londres ; et Adélaïde Marie de La Croix de Castries, qui épouse en 1767 le vicomte de Mailly. Il possédait un château à Ollainville (Essonne), ainsi qu'un hôtel particulier à Paris, l'hôtel de Castries, situé au n°72 de l'actuelle rue de Varennes, qu'il embellit à partir de 1762, grâce à l'l’héritage de son oncle, le maréchal de Belle-Isle.